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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 5 mars 1849

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
5 mars 1849


Extrait du journal

vant, une chapelle, dans le but d’y être enseveli après sa mort. Son corps, embaumé par un médecin de notre ville, a été retrouvé dans un assez mauvais état de conservation. M. Calomarde n’a point laissé d’héritier! dans son testament; seulement il a constitué l’évéque de Teruel et le curé d’OIba pour ses principaux exécuteurs testamentaires, et les a char gés de disposer de sa fortune le mieux qu’ils jugeront à pro pos pour le bien de son âme. Il est à espérer que ces mes sieurs feront élever un monument à la mémoire du mort dans le Heu que son corps a occupé, pendant si longtemps, dans notre cimetière. M. Calomarde était grand-cordon de la Lé gion d’honneur, chevalier de Saint-Louis, de la Toison d’or, et des autres principaux ordres d’Espagne et de l’étranger. 11 gouverna l’Espagne en maître pendant dix ans, et fut obligé de s’expatrier à l’avénement d’Isabelle II au trône, et par suite du triomphe des idées libérales qu’il avait constamment combattues. — Un malheureux événement est arrivé hier dans la mati née près de I écluse Bayard. Un jeune homme de dix-sept ans jouait avec un fusil chargé, la détente en partit tout d’nn coup, et un homme assis devant une maison a reçu la dé charge dans l’œil. La blessure est grave, néanmoins on espère le sauver. (Idem.) — On écrit de Vignemont (Oise) : Le nommé Louis Mar chand, manouvrier à Vignemont, et Antoine Lefèvre, de Marest, voulant attraper un blaireau qui s’était réfugié dans un terrier à renard, se mirent à agrandir le trou. Ils étaient déjà parvenus à une profondeur de 7 mètres, lorsqu’un éboulement eu lieu; ils n’eurent pas le temps de se sauver, et se trouvèrent ensevelis sous l’énorme quantité de terre qui tomba sur eux. Lorsqu’on parvint à les retirer, ce n’était plus que deux cadavres. Marchand laisse une femme et quatre enfants, dont le plus âgé a dix ans. NOUVELLES DE MER. — On écrit de Boulogne-sürMer, 2 mars 1849. — Je vous ai annoncé l’épouvantable si nistre dont la côte de Boulogne a été le théâtre dans la jour née du 27 février. Je viens ajouter de nouveaux détails à ceux que je vous ai donnés. Les trois navires naufragés étaient sortis la veille du port de Dunkerque. La goélette la Liberté, de Nantes, capitaine Chotard, allait à Brest et Lorient, avec un chargement d’hui les, etc. ; les Quatre-Frères, capitaine Masion, se rendait à Nantes avec du noir animal, et la llenriette portait du char bon au Tréport. Dans cette douloureuse circonstance, nos marins ont donné de nouvelles preuves de courage et de dévouement pour le sa lut de leurs frères. A peine le canot de sauvetage était-il mis sur la plage et lancé dans les brisants, que tous les marins voulaient le monter. On essaya trois fois d’atteindre les naufragés, mais chaque fois le bateau, entraîné par le remous du courant et rempli d’eau, fut forcé de regagner la plage. Enfin, à la troisième tentative, il fut entraîné à l’extrémité de la jetée de l’est, et là un énorme coup de mer le jeta contre la ferme et le cha vira la quille en l’air. Des lignes furent jetées aux hommes courageux qui le montaient, et sept d’entre eux purent gagner la jetée. On croyait le huitième perdu ; mais il dut son salut à une protection toute spéciale de la Providence et à sa téna cité. Le canot emporté par le courant et ballotté par les lames flottait au large, toujours la quille en l’air ; puis, par un heureux revirement, il est poussé à la côte, au moulin Hu bert. On court, on s’empresse, on haie le canot à terre, on le retourne et l’on trouve dans le fond le marin qu’on croyait noyé. Il s’était placé sur le revers des bancs, et le canot ren versé faisant l’effet d’une cloche de plongeur, lui assurait l’air nécessaire pour respirer. Ce brave homme, nommé Laide, nous racontait aujourd’hui lui-même son aventure. « Je croyais toucher à ma dernière heure, nous disait-il, chaque fois que la lame venait se briser contre le canot ; mais je m’étais recom mandé à Dieu, qui m’a sauvé. » Loin de se montrer effrayé du danger qu’il avait couru, il paraissait tout prêt à braver de nouveau la mer, si besoin était. C’est le pilote Méguin qui montait le bateau lors des pre miers essais infructueux tentés pour approcher du navire nau fragé. Au troisième essai, il était dirigé par le capitaine De lattre, commandant le brick la Rose. Lord Seymour, en ce moment à Boulogne, avait fait offrir à des pêcheurs, qui avaient pris un bateau de pêche pour vo ler au secours du navire la Liberté, de leur payer les avaries qu’ils éprouveraient. Il a fait don au nommé Beauvais, l’un d’eux, d’une somme de 75 fr. en récompense de son intrépi dité. Aujourd’hui la mer est calme et permet de contempler les débris vomis par la mer. Les navires sont là, à moitié désem parés ; on n’a rien pu sauver de la cargaison. Le nombre des victimes est définitivement de neuf, au lieu de quinze indi quées d’abord. TRIBUN!AUX. — 1er conseil de guerre permanent de la 1” division militaire, M. le colonel Puech, président. Séance du 2 mars 1849. Cette audience a été occupée tout entière par les débats de l’accusation de complicité d’attentat, dans les journées de juin, portée contre M. de Jonnès, ancien receveur des finances, do micilié à Paris, dans le Marais. Des témoins rapportaient que, le dimanche 25 juin, l’ac cusé se serait approché de la barricade de la rue Saint-Sé bastien, et aurait exhorté les insurgés à tenir ferme, parce que Caussidière allait arriver à leur secours, avec une troupe nombreuse et de l’artillerie, et parce que l’insurrection deve nait partout victorieuse. On ajoutait à ces propos, qu’il avait offert de l’argent et montré des billets de banque. De nombreux témoins à charge et à décharge ont été en tendus, notamment M. Mauguin et M. Huot (des Vosges), re présentant du peuple. Le premier n’avait connu M. Jonnès que comme président temporaire d’un club, dont il s’était retiré, quand il l’avait vu se pervertir. M. Huot avait connu à l’accusé les opinions les plus conformes à l’ordre public, et le croyait incapable d’avoir fomenté l’insurrection. L’accusé, au surplus, établissait un alibi dans la journée du dimanche, et, en supposant que des propos eussent été tenus par lui, dans la journée du samedi, il s’en fallait bien qu’ils eussent le sens et la portée qu’on leur attribuait. Les témoins se con tredisaient. Aucune corruption ni promesse d’argent n’était ni prouvée, ni vraisemblable. L’accusé a été défendu par Me Alfred Isambert, qui, dans une plaidoirie méthodique et chaleureuse, a fait disparaître les charges. Ce qu’il y a de plus amer pour mon client, s’estil écrié, ce ne sont pas les huit mois de captivité qu’il a subis, ce n’est pas d’avoir été confondu avec de grands criminels ; mais c’est d’avoir pu être soupçonné d’avoir combattu la...

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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