Extrait du journal

Guillaume? Est-ce que l’égoïsme, la crainte de soi-même et de ses faiblesses, est-ce que le ressentiment, l’orgueil, peut-être, ne F avaient pas tenu éloigné de Paula depuis quatre mois ? Est-ce qu’il n’avait pas re joint son régiment »ans lui envoyer même un adieu, au nom de ce grand e£, noble Fharrère, qui n’avait compté que sur lui pour le faire revivre auprès d’elle? Est-ce qu’il n’avait pas trahi son ami en faisant cela ? Et pourquoi l’avait-il fait? Pourquoi n’avait-il pu supporter chez la jeune fem me la pensée, même involontaire alors, qu elle donnait à un autre? Parce qu’il l’aimait bien plus que Guil laume n’avait voulu le croire î Parce qu’il l’aimait lâchement !.. La porte de la chau mière s’ouvrit rapidement et se referma plus vivement encore : Bon ! dit la voix du nouveau venu, satanée chandelle!... Il faudrait souffler cela, mon capitaine, et s’arranger à tâtons pour remettre les blés sés dans les charrettes. C’était un sergent qui entrait. Cet hom me veillait depuis une heure à l’avantposte : — Que venez vous faire ici ? lui dit Laurent. Le sergent répondit d’effroyables choses. Il avait longtemps prêté l’oreille, de peur de se laisser tromper par les rumeurs du vent et le grondement des eaux gonflées dans la vallée, il était sûr d'avoir ?aisi le bruit sourd de l’artillerie sur ces pentes rocheuses. L ennemi s’approchait. — Je suis venu chercher des ordres, con tinua le sergent, bien que la position soit claire. Il faut déguerpir... Mais, vous ne m’écoutez pas, mon capitaine. Laurent s éveilla en sursaut de la rêverie où il était retombé, il ne pensait encore quà Paula, il était près d’elle, il y voyait Lambertv. L’ennemi en ce moment était là, il n’y en avait point d’autres à ses yeux troublés ; l’Allemand c’était le jacobin. — Quoi ! s’écria-t-il, que dites-vous? Encore fuir ! — Nous serons donc obligés de laisser...