Extrait du journal

Le bateau à vapeur le Fulton, qui remorquait le deuxième détachement du convoi des colons de l’Algérie, a eu un cylindre de sa machine fendu à la hauteur d’Ablon. M. le capitaine du génie Chapelain, arrivé à Corbeil, s'y est arrêté, et a expédié le Neptune pour conti nuer la remorque dos trois bateaux restés en arrière. Grâce à l'activité et au bon vouloir vraiment dignes d’é loges de la compagnie du Neptune, ce bateau a du con duire aujourd hui tout le convoi à Melun d’abord, et en suite à Moi et. Le train partant d’ici à dix heures cinquante minutes a déraillé à Saint-Saulve, à 6 kilomètres de Valen ciennes. Un mécanicien belge a été tué ; pas un voyageur n’a été blessé ; un conducteur français a reçu une contusion ; son état ne donne aucune inquiétude. Le service n’est pas interrompu. Rapport au citoyen ministre de l'intérieur, sur les arts du dessin et sur leur avenir dans la République. Citoyen ministre, j’ai l’honneur de vous présenter le rap port que vous m’avez demandé, touchant les beaux-arts et l’avenir qui les attend dans la République. La révolution de Février, comme toutes les révolutions, a porté aux artistes un coup funeste; elle les a menacés momentanément jusque dans leur existence. De tous les genres de travaux que suspendent les temps de crise, 1rs travaux d’art sont toujours les premiers interrompus. Les riches amateurs, qui auparavant se disputaient les tableaux, les bronzes, les brillantes épreuves, affectent maintenant de les regarde^ comme des beautés inutiles, si bien que depuis sept mois les artistes n’ont plus d'autre acheteur que le Gouvernement, qui lui-même est un Mécène obéré. L’As semblée nationale , après être déjà venue au secours de tant d’infortunes, n’a point oublié celle des artistes, la plus respectable de toutes assurément, car elle pèse sur une classe d’hommes qui ne peuvent développer leur talent qu’en pleine liberté d’esprit et d’inspiration. Pour eux, le malheur est plus cruel cent fois que pour d’autres, parce qu’il leur enlève la disposition de leur génie, et aussi parce que, forcés malgré tout à conserver certains dehors, ils sont condamnés à U plus triste de tontes les misères, la misère décente. Et cependant ces mêmes artistes font l'honneur de la France ; c’e=t quand leur nom retentit dans toute l’Eu rope, que leur personne est soumise à des privations dont la mesure est dans l’étendue même de leur imagination et de leur esprit. Une telle situation eût calomnié la République, en faisant prendre pour les vices d’un état normal les calamités d’uno crise passagère. Déjà, malgré l’empressement de l’Assemblée na tionale à prendre h-s artistes sous sa haute protection, beau coup d’esprits chagrins affectaient de penser que la dé mocratie serait hostile aux beaux-arts et pousserait la reforme des mœurs publiques jusqu’à interdire toutes les élégances de la vie. Rien dans l'histoire n’autorise de telles appré hensions. Les seules formes de gouvernement qui aient élé favora bles à la grandeur de l’art, ce sont les monarchies pures ou les démocraties vigoureuses, avec cette différence qne les pre mières ont fait de l’art un esclave ou un flatteur, tandis que 1rs autres lui ont fourni presque toujours une besogne hé roïque. Il peut arriver qu’un despote, pour se faire bien venir de la postérité, procure au génie la facilite d’élre sublime, mais c’est alors par une de ces bonnes fortunes qui prêtent l’élu du hasard les proportions d’un héros ou font naître en lui d’heureux caprices dont profite l’humanité. Encore fautil observer que le génie mis au service de la vanité des grands...