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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 10 septembre 1859

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
10 septembre 1859


Extrait du journal

des mains de l’honnête lecteur qui dormait toujours; les autres numéros n’avaient pas été ouverts ; per sonne, sauf le poète, Richard et M. Simon, ne put se douter des méfaits de M“* Forget. Raymond continua à danser comme au début de la fête; le notaire, ras suré, s’en fut gagner son lit, et Richard retourna au buffet, où il s’t fforçait d’attirer Raymond à tout in stant. Il voulait lui verser l’oubli à grands flots. Quand le sculpteur rentra avec son ami chez M. Simon, il lui dit : — Tu es décidément le plus heureux des hommes ! plus je vois ta femme, plus j’en raffole. Je suis resté cinq heures de suit»? en tête-à-tête avec elle au mi lieu de cette cohue, sans m’ennuyer un instant. Ma parole d’honneur ! j’en serais amoureux si je n’étais ton ami et, j’ajouterai, votre confident à tous deux. Voilà mon emploi, à toi le jeune premier rAle, à moi les Théramène, qui m’ennuient. Dieu le sait! et j'en demande bien pardon à Racine. Tiens ! j’en dors debout. Rêve si tu veux, moi, je vais ronfler. En effet, cinq minutes après, Raymond entendait mugir à travers la cloison un soufflet de forge : c’é tait Josepli-Théramène qui répétait son rAle. Lui, il ne songeait pas à dormir. Il attendit le iour en se promenant de long en large dans sa chambre. Quand le jour parut, il était un peu fatigué et pâle, mais il avait l’air résolu d’un homme qui accepte une grande souffrance. Comme les premiers rayons du soleil entraient par sa fenêtre, le notaire entra par la porte. — Es-tu malade ? dit-il, es-tu fou ? rimes-tu? ce qui est la même chose : tu m’as réveillé avant le coq, par tes coups de talon sur le plancher... — Je n’ai jamais moins songé à rimer, dit grave ment Raymond ; je raisonnais, et le résultat de mes raisonnements, je vais vous le dire, parrain. Allons chez Joseph, je l’en instruirai en même temps. Joseph refusa énergiquement de se réveiller; ré veillé brutalement par son ami, il cria contre la vio lation de son droit le plus sacré ; il cria un ton plus haut lorsque Raymond lui dit qu’il fallait se lever, faire ses malles et partir à l’instant pour Paris. — Voyons ! disait-il, c’est un rêve que je fais, uu mauvais rêve. Ou bien, tu es fou... — C’est ce que je lui demandais tout à l’heure, dit le notaire. Raillerie, raisonnement, prière, Joseph et M. Si mon employèrent toute chose pour détourner Ray-...

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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