Extrait du journal

la corde de pendu. Plus l’origine en est sainte, plus les relijues ont de prix. C’est le contraire pour les souvenirs qu’on vient chercher là. Faustine signifia à l’expert chargé de sa vente qu\ lie ne voulait point paraître. Elle lui ordonna même d’annoncer sur le catalogue et sur les affiches que cette vente avait lieu après départ. Elle lui douna pleins pouvoirs pour agir ainsi qu’il l’entendrait. Cet expert s y entendait très bien. Il avait la spécialité de ces sortes d’affaires. Quelques jours après, on distribuait à l’Hôtel des Ventes un catalogue imprimé sur papier vélin, contenant l’inventaire du mobilier, des bijoux et des objets d’art qui devaient être vendus la semaine sui vante par suite du départ de Mlle Faustine, artiste dramatique. Usant de la liberté complète qui lui avait été laissée, l’expert crut devoir ajouter au catalogue, ainsi que cela s’est fait souvent, une foule d’objets ui n’avaient jamais appartenu à la cornéienne. De cette façon il était certain de donner à ces objets qui lui fussent restés pour compte un attrait particulier. Il y a dans ce public nombreux qui suit régulière ment les ventes, certains orignaux inca pables de résister au caprice d'acheter, par exemple, des livres de théologie qui ont été feuilletés et annotés peut-être par les jolis doigts roses d’une grande im pure à la mode. Que ne donnerait-on pas d’un saint Jérôme commenté par une émule de Manon Lescaut! La retraite de Faustine fit, dans les jour naux qui s’occupent des artistes, autant de bruit qu’en ferait à Londres dans le Times la chute du ministère Disraeli ou du ministère Gladstone. Les reporters, ne pouvant croire à la nouvelle, s’en allèrent aux informations pour connaître la cause de cette résolution qui allait affliger tout le public élégant. Mais ils ne purent re cueillir aucun renseignement. Faustine avait quitté le théâtre des Variétés, ainri que sou appartement de la rue de Rivoli, sans prévenir personne. On leur affirma dans ces deux endroits qu’elle s’était éloi...