Extrait du journal
ver. surtout par des actes, sa sollicitude pour cette portion brillante des intérêts confiés à sa direction. C’était aujourd’hui en présidant lui-mème à la distribution des prix du Conservatoire de musique et de déclamation, en donnant ainsi, par'sa présence, à celte solennité arnuclle, et plus d’éclat et plus de portée, qu’il montrait à tous cn quelle estime le Gouvernement tient les arts et ceux qui les honorent par leur dévouement et leurs succès : Honos alil a>ies. Aussi il fallait voir avec quels applaudissements, avec quels témoignages de chaleureuse reconnaissance ont été accueillies les dignes et nobles paroles par lesquelles M. le ministre a traduit des sentiments dont sa présence elle-même au Conservatoire attestait l’honorable et parfaite sincérité. Voici le discours prononcé par M. le ministre : « Messieurs, « Cette solennité est pour vous un jour de fête, et c’est avec bonheur que je viens la présider ; je n’ai voulu céder à aucun autre le plaisir d’encourager vos travaux et de récom penser vos succès. « Un Gouvernement ami du progrès ne saurait trop pro téger ces arts qui, par des jouissances délicates et pures, exaltent les plus nobles instincts, les sentiments les plus élevés; qui, sous le charme de douces émotions, réunissent et dominent chaque jour tant de volontés contraires, tant de passions diverses, et honorent l’humanité en adoucissant les mœurs. « Aussi en France la musique et l’art dramatique ont-ils pris rang parmi les gloires nationales et mérité la constante sollicitude de tous ceux qui ont voulu la grandeur et la pro spérité de notre patrie. a Mais, ne l’oublions pas, ce n’esLque dans h paix, sous l’égide des lois, au milieu de la sécurité publique, par la confiance dans l’avenir, que les arts peuvent se développer et ileurir. « Dans ces temps d’agitations et de discordes, qu’au moins l’amour des arts nous réunisse et répande dans les Ames l’es prit de paix et de conciliation. « Pour maintenir le Conservatoire au rang où il s’est placé, et pour en faciliter encore les progrès, nous avons tenté celte année d’ajouter quelques améliorations nouvelles à l'excellente organisation de cette école. Il fallait aider au mouve'mcnt général qui tend à répandre et à populariser de plus en plus l’art musical en France. Sur la demande du Gouvernement cl grâce à la sollicitude éclairée de i’Assembléc nationale, une allocation supplémentaire portée au bud get de 18.50 a permis d’établir une classe nouvelle d’en seignement simultané du chant. Déjà de nombreux élèves se sont présentés, et il est permis de penser que cette fon dation répondra aux espérances qu’elle a fait concevoir. « C’est dans un intérêt non moins grave que l’inspection annuelle des écoles des départements a été régularisée. Cette inspection, en rattachant par des liens plus intimes les succursales de province au Conservatoire de Paris, ramè nera vers ce foyer des hautes éludes les sujets dont les dis positions promettraient des artistes distingues. « Enfin, messieurs, une mesure vivement désirée est venue compléter, pour ainsi dire, ce bel etablissement en affectant définitivement au service exclusif du Conservatoire la salle des Menus-Plaisirs, asile modeste consacré aux exercices et et aux débuts des élèves, qui a vu se former tant de grands artistes et qui garde l’écho de si nobles accents. Ces glorieux souvenirs vous appartiennent désormais, et chaque année y viendra ajouter des souvenirs nouveaux et de nouvelles gloires. « Pourquoi faut-il que, ne voulant parler que de vos succès et de vos conquêtes, je nie sente amené à vous entretenir, en ce jour de fête, des pertes qui vous ont frappés. « L’année qui s’achève a vu s’éteindre dans la personne de M,ne Bran dm une des gloires les plus anciennes et les plus brillantes de cette école. Admirée pendant de longues années sur notre première lyrique, elle avait su mériter, avec les hommages qui s’adressent au talent, la considération qui honore le caractère; la mort l’a surprise dans sa retraite, heureuse par ses amis, riche par ses bonnes œuvres. « Un de vos illustres maîtres a fait son éloge en quel ques mots : « Aimée et admirée, a-t-il dit, pendant sa vie; regrettée « et pleurée après si mort : voilà toute l’histoire de « M"'* Brandi u. » « Quelle plus belle histoire, messieurs, pour une femme, pour une artiste ! « N’oublions pas, parmi les pertes les plus douloureuses que les arts aient subies celte année, la mort d'un de ces hommes modestes, passionnés pour l’art, dont ils semblent destinés à retrouver les titres, à perpétuer les traditions, de M. Bottée de Toulmon, bibliothécaire au Conservatoire! Créateur de la bibliothèque qu’il dirigeait depuis 1831, M. Bottée de Toulmon a doté le Conservatoire de collections classiques, et surtout d’œuvres de musique rèligieusc qui lui manquaient complètement. Grâce à ces persévérantes re cherches, celte collection réunit aujourd’hui les œuvres les plus remarquables des maîtres depuis le 13e jusqu’au IG* siècle, et l’œuvre entière de Palestrina. « C’est presque une dette de l’Etat que j’acquitte, mes sieurs, en rappelant les services de votre savant bibliothé caire, qui, dévoué jusqu’au sacrifice, a constamment refusé de toucher aucun traitement à raison de ses fonctions. « Mais, messieurs, ces pertes qui vous affligent ne vous affaiblissent pas, et de nouvelles illustrations remplacent cel les que vous avez perdues. « Chaque année , de jeunes et ardentes intelligences se vouent aux études musicales et dramatiques, et, par leur ac tive émulation, concourent à étendre le domaine de l’art et à en élever le niveau. « Chaque année sortent de vos rangs, pour s’élancer sur un plus vaste théâtre, des talents destinés à grandir sous le patronage d un public éclairé. « Sur notre seconde scène lyrique, deux jeunes artistes formées dans cette école ont conquis, par de brillants dé buts, une position que l’avenir ne pourra que développer encore. « La Comédie française a vu se produire, dans un jour de solennelle épreuve, au milieu des plus légitimes acclama tions, un jeune talent, riche à la fois du présent et de l’ave nir, digne d’un nom déjà si cher aux amis de l’art drama tique, digne enfin des maîtres habiles qui ont dirigé ses études. « Ces succès dès à présent obtenus et ceux qui vous sont réservés se préparent et se développent avec, le concours de professeurs célèbres cL dévoués, sous la direction de l’homme éminent qui préside à vos travaux : maître illustre dont la célébrité est une des gloires de la France, et qui sait si bien comment doivent être interprétés et aussi comment se créent les chefs-d’œuvre. Scs précieux conseils dirigent vos études,...
À propos
Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.
En savoir plus Données de classification - angrand
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