Extrait du journal

France se taisait, le Mercure se taisait ; et tous deux avouaient ingénument, à quel ques semaines de là, que le silence leur avait été ordonné par la cour. Le peuple, à qui l’on ne demande ja mais son avis sur les affaires de l’Etat, — et qui le donne toujours, — le peuple était tourmenté du besoin de trouver un motif à l’acte de Damiens, un motif et des complices. Toujours curieux, le peuple ! Sur le premier moment, il n’avait pas hésité à charger les jésuites, et il s’était même porté au collège Louis-le-Grand en manifestant l’intention d’y mettre le feu. Aux autres maisons des jésuites il s’était contenté d’accrocher des placards. Les pères n’étaient rien, moins que ras surés. De son côté, sans guide, sans lumière, le peuple était houleux, inquiet, prêt à toutes les réactions. _ « On a trouvé des affiches à la porte du Luxembourg qui sont si affreuses contre le roi que ceux même qui les ont lues n’ont pas osé les retenir... » Et l’avocat Barbier, effrayé, craint d’en écrire davantage. Effrayé, tout le monde l’était plus ou moins en ce moment. La police continuait à opérer de nombreuses arrestations. Ceux qu’elle n’arrêtait pas allaient d’euxmêmes se jeter entre ses pattes. Ainsi d’un pauvre diable nommé Lefèvre. Ce Lefèvre, huissier à la cour des aides, avait la détestable et imprudente habitude...