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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 19 août 1848

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
19 août 1848


Extrait du journal

PARTIE NON OFFICIELLE. INTÉRIEUR. Paris, le 18 août. PRÉFECTURE DE POLICE. Aux habitants de Paris. Citoyens, L’emoiion qui a occupé les esprits pendant les jours der niers se dissipe et fait place à une sécurité dont nulle cause sérieuse ne doit, en effet, troubler la durée. Des rumeurs va gues, des bruits sinistres, colportés par la malveillance et grossis par la peur, ne peuvent longtemps prévaloir contre l’évidence des faits. S’il était vrai que des hommes fussent as sez coupables pour songer à faire revivre en France une forme de gouvernement justement abhorrée, ce serait de la démence ; car .'anarchie, de nos jours, ne conduirait plus les rois à leurs trônes; elle ne servirait qu’à précipiter dans l'a bîme les instigateurs et les complices de ces luttes fratricides. Sans doute, le chômage de l’industrie et la stagnation du commerce ne cèdent pas aussi vite que chacun de nous le dé sire; mais les misères que la révolution de Février a pu ac croître, sans les avoir produites, ne feraient que décupler par suite de nos discordes, et les travailleurs seraient indéfini ment condamnes à des privations qui, avec l’ordre, doivent avoir un prochain terme. Une amélioration sensible se révèle déjà sur presque tous les points du territoire de la Républi que. La facilite avec laquelle a elé souscrit et se couvre le der nier emprunt national démontre que le numéraire ne fera pas defaut à la confiance publique. La vitalité commerciale sc réveille, les transactions deviennent plus nombreuses, les ate liers sont moins deserts. Dans quelques jours la discussion solennelle de la constitution de notre République s’ouvrira devant l’Assemblée nationale; les grands principes proclamés en Février y recevront, n’en doutons pas, une consécration telle que les ennemis de la République, quels qu’ils soient, ne trouveront plus de prétexte a leurs criminelles espérances Le pays veut une République démocratique : nul e puissance humaine ne peut lui ravir celle conquête qu’il a scellée de son sang et qu’il saura conserver envers et contre tous. Le peuple et l’armée, aujourd’hui confondus dans leur amour pour la liberté, n’oublieront pas qu’à la devise de la monar chie, qui est : Diviser pour régner, la République a substitué la sienne, qui est : L'union fait la force. Les éléments de la fortune publique, les symptômes d’un retour lent, mais continu, vers un étal normal, prennent chaque jour un caractère moins contestable. Les faits et les chiffres sont là : la mauvaise foi elle-même ne peut prévaloir contre eux. Les ateliers se rouvrent, et l’ouvrier y reprend la place qu’il avait trop longtemps perdue. Le mouvement qui s’opère dans toutes les industries se fait remarquer même dans les in dustries de luxe que les demandes commencent à raviver. Une activité nouvelle se manifeste dans les porls, et les ar rivages de juillet ont dépasse de beaucoup ceux du mois de juin; le port seul du canal Saint-Martin a reçu le mois der nier 15,OUI) tonneaux de plus que le mois précédent. Les halles sont toujours abondamment approvisionnées, et le prix du pain accessible à toutes les bourses. A la date de notre dernier bulletin, sur 27,«SOI ouvriers habitant les hôtels garnis, il y en avait 16,925 d’occupés. Au jourd’hui, sur 29,074, il y en a 20,771 qui ont du travail. Le nombre des ouvriers inactifs n’est plus que de 8,303 au lieu de 9,432. Le mont-de-piété, du 8 au 15 août, a reçu en rembourse ment 3 i i ,077 lr. La somme qu’il a prêtée ne s’élève qu’à 306,820 fr. Le nombre des personnes qui reviennent à Paris s’accroît progressivement. Il était , au 8 août, de 4,391 ; il a été de 5,974 dans la dernière semaine. Au lieu de 710 étrangers descendus dans les hôtels, on en compte 765 ; 628 seulement ont quitté la capitale. Dans l’espace de six jours, du 9 au 16 août, il a clé délivré 2,615 passe-ports à des citoyens français : sur ce nombre, 657 étaient gratuits. U en a été accorde 560 à des étrangers. Les prisons renfermaient, le 11 août, 3,279 provenus ordi naires et 8,1)69 prévenus de juin. L’étal sanitaire des prisons est parfait; de tou . les détenus de juin, 3 seulement sont morls : deux ont succombé à leurs blessures, et le troisième à une pneumonie double. Du 9 au 17 de ce mois, il y a eu 8 suicides. Les attentats contre la propriété se réduisent à 8. Le nom bre des vols simples est reste en moyenne de ti par jour. ()n ne signale qu’un attentat contre les personnes : un sol dat de la garde mobile, étant en faction, a etc blessé d’une balle tirée par une main inconnue....

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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