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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 23 juillet 1849

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
23 juillet 1849


Extrait du journal

INTÉRIEUR. Paris, le *i*2 juillet. Le ministre de l’intérieur ne recevra pas mercredi pro chain, 25 juiilet, mais il recevra les mercredis suivants. Le ministre de la marine et des colonies ne recevra pas le mardi 24-juillet, mais il recevra les mardis suivants. Le Times du 20 juillet contient une correspondance de Rome qui n’occupe guère moins de cinq colonnes de ce journal. Nous en publions quelques extraits : « La première chose que j’ai faite à mon arrivée a été de prendre une voiture et un guide, dans l’intention d’examiner les ruines des maisons et des œuvres d’art qui avaient été dé crites avec tant de sensibilité dans le mémoire rédigé par des consuls, et présenté comme le résultat d’un bombardement ordonné par le général Oudinot. J’étais accompagné par un ami qui croyait fermement que la ville avait été labourée par les obus, car il n’avait pas l’expérience de ce qu’est un bom bardement, et il avait vu, en plusieurs endroits, les traces de ces terribles messagers ; mais, quoique j’aie mis deux heures à sa disposition, nous n’avons rien vu qui méritât une larme, et tout le dommage pourra aisément être réparé au prix de 500 livres sterling. a Ma première visite a été pour le palais Rospigliosi, où se trouve la célèbre Aurore du Guide, car j’avais entendu dire par diverses personnes que cet inestimable joyau avait été sérieusement endommagé. Pas un trait du tableau n’a été touché, pas un cheveu d’aucune des figures n’a été dérangé; il est, de même que les autres chefs-d’œuvre qui illustrent cette galerie, sain et sauf. « J'ai exploré ensuite les ruelles classiques du Transtevère. Tout le monde sait que le bon peuple de ce quartier a la pré tention d’être seul la race des vrais Romains ; et de même que Swift a dit que les porteurs de charbon sur les quais de Dublin étaient les descendants des rois de l’Irlande, de même les porteurs et les petits marchands du Transtevère disent qu’ils sont la postérité des Scipions et des Gracques. C’est une population âpre au travail et si fermement attachée à ses traditions, que la présence des Français l’a, dit-on, trèspéniblement affectée. Cependant les troupes auxquelles ces quartiers ont été assignes n’ont aucune raison de se plain dre, et j’ai entendu hier un officier général dire que rien ne pouvait être plus conciliant que la conduite de cette excel lente population. C’est elle qui a supporté tout le poids des malheurs de la guerre. Les habitants de ce faubourg ont été contraints, en premier lieu, par le triumvirat, de travailler aux tranchées et aux fortifications, et, lorsque les bombes ont été lancées, toutes celles qui tombaient au delà des postes occupés par la garnison jetaient le désordre dans leurs mai sons... Les pauvres habitants ont eu beaucoup à souffrir dans les endroits où leurs maisons, qui gênaient la défense, ont été démolies. Leur dénùment a si vivement ému les sol dats français, dont le cœur est excellent, qu’un régiment caserné sur ce point a réuni par souscription un millier de francs pour le leur distribuer, et le général Oudinot, instruit de ce fait, a donné l’ordre que ces malheureux habitants fussent employés à la démolition des barricades et à beaucoup d’au tres travaux qui auraient pu être exécutés plus économi quement par nos troupes. a Si les soldats fran cs n’étaient pas les plus aimables aussi bien que les plus braves des hommes, on aurait dû s’at tendre de leur part à quelque acte de licence, et les maisons des chefs de parti auraient probablement passé par leurs mains. Souvenez-vous que ces mêmes hommes avaient été défaits le 30 avril; qu’ils avaient été devant la place pendant six semaines, exécutant avec une patience exemplaire tous les travaux du siège; rappelez-vous qu’ils avaient vu leurs frères et leurs camarades tomber morts ou blessés à leurs côtés ; qu’ils avaient assailli et emporté en peu de jours quatre brè ches, et qu’ils s’y étaient établis sous le feu des batteries aux quelles ils servaient de point de mire, et vous ne pourrez leur refuser l’estime sans bornes qu’ils méritent pour leur con duite pleine de réserve. Ce sont les mêmes hommes cepen dant qui ont été assassinés dans les rues, qui ont été hués quand ils s’avançaient dans la ville, dont le général a été sif flé par une populace que dirigeait un chef de barricades, et qui, jusqu’au moment où j’écris, ont été exposés à toutes sortes de lâches outrages. J'ai vu des officiers et des soldats français supporter des insultes verbales dont ils ne compre naient pas le sens, si ce n’est d’après les gestes dont elles étaient accompagnées, mais qu’ils n’auraient certainement pas souffertes en un autre temps, même de la part de l’en fant qui bat le tambour à ce moment sous ma fenêtre. Le diable emporte ses baguettes. Je les ai vus, lorsque les Ita liens se levaient pour sortir d’un café quand des Français y entraient, expliquer avec politesse qu’ils n’avaient l’in tention de déranger personne, et s’en aller paisible ment en un autre lieu. Mais cette retenue n’a pas été com prise. » FAITS DIVERS.—PARIS. — M. Alexandre Che valier, ancien négociant, demeurant rue de l’Odéon 34, vient de laisser, par testament, deux legs considérables : à la ville de Paris, savoir, douze mille francs de rente sur l’Etat, pour être répartis chaque année entre les douze arrondisse ments ; à la ville de Beauvais, sa ville natale, une propriété de la rue de Vendôme, de trois cent-cinquante mille francs de capital, à la charge, par elle, de créer six lits dans l’hospice de la ville, et- de créer une bourse au collège Louis-le-Grand, pour un enfant pauvre de Beauvais. Nous sommes heureux de publier d’aussi belles actions en faveur de la classe indigente, qui comprendra que ses meil leurs amis ne sont pas ceux qui la flattent et la compromet tent par leurs doctrines subversives. — Deux individus, signalés comme ayant pris une part active aux événements du 13 juin dernier, ont été arrêtés ce matin rue Saint-Martin, en flagrant délit de vol de deux montres au préjudice d’uu fabricant de chaussons, qui les oc cupait depuis quelque temps. Après avoir assisté à la manifestation du 13, ces individus sont descendus par la rue Saint-Martin en criant : Aux ar mes I et, arrivés à la hauteur de la rue Nationale, ils sont en trés de vive force dans la boutique d’un charcutier qui fait l’encoignure dé cette rue, et l’ont sommé de leur donner des armes. Le charcutier hésitant à obtempérer à la sommation, l’un d’eux, le nommé M...., monta dans sa chambre, s’em para de son fusil de garde national, et, après avoir fait main basse sur l’argent qui se trouvait dans le comptoir, ils quit tèrent tous deux la boutique et entrèrent dans la cour du Con servatoire des arts et métiers, où ils se réunirent aux autres insurgés qui formaient la garde du nouveau gouvernement. Quand le signal de la retraite fut donné, M.... se sauva par le jardin et se dirigea, avec son fusil, vers la rue du Temple ; mais, arrivé là, il fut désarmé par des gardes nationaux de la 6* légion, qui le laissèrent échapper. Depuis lors, les recher ches faites pour le découvrir avaient été infructueuses ; on...

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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