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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 27 août 1847

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
27 août 1847


Extrait du journal

Le résultat du scrutin transmis à M. le ministre de l’in struction publique, conformément aux dispositions du règle ment sur les concours dans les facultés de médecine, désigne pour ladite place M. le docteur Michel. L’institution ne pourra être donnée par M. le ministre qu après examen des procès-verbaux du concours eu conseil royal de l’université, et après le jugement des réclamations, s’il en est intervenu dans le délai fixé par le règlement. Les experts charges de procéder aux opérations chimiques qui ont dû suivre l’autopsie cadavérique du duc de Praslin continuent leurs operations jour et nuit. On ne peut espérer que leur rapport soit dépose avant l’heure pour laquelle la cour des pairs avait été convoquée samedi prochain. Dans cette situation, M. le chancelier a fait prévenir MM. les pairs que la réunion de la cour est ajournée à lundi prochain, 30 août, à une heure. Hier au matin, plusieurs membres de la commission de la cour des pairs se sont transportes à l’hôtel du maréchal Sébasliani pour prendre connaissance du théâtre du crime du 18 août. Un plan des appartements a été commandé pour être distribué à MM. les pairs. Le jour du crime , les | scellés avaient été apposés dans les cabinets de M. et de M™* de Praslin sur des armoires qui contenaient divers pa piers. Les scellés ont été levés hier et les papiers remis à M. le juge d’instruction pour être inventoriés. On lit dans la Gazette des tribunaux : Aujourd’hui à trois heures, M. Demonts, maire du IL arrondissement, dans la circonscription duquel est le Luxembourg, a dressé l’acte de décès du duc de Praslin. A cinq heures, plus de vingt-quatre heures s’étant écou- i lées depuis le moment du décès, on a pu, conformément aux 1 ordonnances de police, procéder à l’autopsie du cadavre. Cette 1 opération a été effectuée en prvsenee de M. Legonidec, juge i d'instruction, parties médecins commis par M. le chancelier. Ces médecins étaient MM. Orlila, Amiral, Louis, Rouget et Tardieu qui avaient été autorisés à s’adjoindre comme opera teur M. le docteur Chayct. La chambre dans laquelle le duc de Praslin avait été placé .i son arrivée au Luxembourg était trop peu spacieuse pour qu’il fût possible d’y procéder à l’o pération ordonnée par la justice. Le corps a donc été trans porté dans une pièce voisine, et l’autopsie a commencé. Les médecins ont reconnu l’existence de sept escarres dans l’es tomac et une lésion du cœur, qui toutes sont le produit in contestable de l’arsenic. Le cerveau ne présentait aucune trace du poison qui avait cause de si grands ravages intérieurs. Les viscères, recueillis dans des vases fermés par le scellé du magistrat, ont ele portes au laboratoire de la faculté de médecine, et ils seront soumis demain à des vérifications spé ciales auxquelles tous les experts assisteront. Ce n’est qu’après ce dernier examen qui complétera la série i des constatations qui font l’objet de l’expertise que les mé decins pourront dresser un rapport détaillé qui présentera l’analyse de toutes leurs observations et des conséquences que la science doit en faire découler. L’autopsie aurait constaté en outre sur le corps différentes traces de plaies et de contusions paraissant fort récentes. Un signale entre autres : 1° Au bras droit, une égratignure d’une coloration bleuâ tre très-marquée, de forme allongée; 2° A la main droite, en dedans du pouce, une morsure avec l’enlèvement de l'épiderme d’un centimètre environ de longueur ; 3J Une autre morsure assez forte à l’extrémité de l’index de la main droite. L’accusé l’attribuait à une blessure. 4° A la main gauche, une égratignure profonde au niveau de l’articulation phalangienne. û° A l’index, au côte externe de la deuxième phalange, une blessure, et un peu plus loin, une déchirure profonde. Ce doigt était entouré de sang fraîchement desséché. 6° Au doigt médius, plusieurs violents coups d’ongle ayant enlevé des lambeaux d’épiderme; 7° Au devant de la jambe gauche, on voit une longue ex coriation, large comme la paume de la main, et avec gonfle ment considérable de la jambe. Cette blessure, résultant d’une contusion toute fraîche, était attribuée par le duc au choc de la jambe contre un marchepied de voilure ; 8° A la partie supérieure du mollet gauche, une blessure sans profondeur. Toutes ces contusions étaient récentes et provenaient de la lutte qu’il avait soutenue contre la victime. Une autre vérification chimique a été faite aujourd’hui par M. Chevallier, professeur à l’école centrale de pharmacie de Paris. Voici quel en était l’objet et les circonstances qui ont fait reconnaître l’utilité de cette nouvelle expertise. Dans la matinée du 18, au moment où le crime fut décou vert, les domestiques s’empressèrent d’aller chercher des mé decins qui pussent donner des secours à leur infortunée maî tresse. Parmi ceux qui furent ainsi avertis se trouva M. Joseph Raymond , docteur-médecin, qui habite petite rue Verte, et qui avait été assez tréquemment appelé auprès du maréchal Sébastian!. M. Raymond arriva à l’hôtel un des premiers, et après avoir reconnu que la duchesse avait rendu le dernier soupir, il eut occasion de donner au duc dans la journée du 18 les soins qui lui étaient nécessaires. Dans la matinée du 19, le duc ayant témoigné le désir de prendre un bain, ce bain fut apporte, mais le duc s’y trouva assez mal. En sortant de ce bain il fut placé sur un fauteuil sur lequel il eut une évacuation alvine involontaire. Ce fauteuil, ainsi souillé, avait été placé dans le jardin de l’hôtel et relégué plus tard dans une resserre ouverte. M. Ravmund, ayant appris qu’on avait fait des expériences pour con stater la présence de l’arsenic dans les déjections, avertit l’au- 1 lorilé que cette constation se ferait peut-être mieux et plussù- i rement sur celles qui devaient être restées sur le fauteuil. En vertu d’une ordonnance rendue par M. Broussais, juge I d’instruction, M. Monvalle , commissaire de police du quarlier du Luxembourg, se transporta à l’hôtel Sébastian!, et y saisit, dans la resserre que nous avons indiquée, le fauteuil ainsi que son coussin. M. Chevalier, après avoir prêté serment comme expert, a enleve avec des ciseaux l’étolfe qui couvrait le coussin et une partie de la toile qui formait le fond du fauteuil, et après avoir soumis ces fragments macules à diverses opérations i chimiques, il a constaté, par les résultats obtenus au moyen de l’appareil de Marsh, que les taches provenant des déjec tions qui se trouvaient sur le fauteuil saisi et sur le coussin de ce fauteuil contenaient de l’arsenic. Ces opérations confirmeraient donc ce que nous avons dit hier, que c’est dans son hôtel, et dès la première phase de l’instruction, que le duc de Praslin aurait avalé le poison. Les médecins ont déclare, dit on, que les alternatives qu’a présentées l’état du duc étaient des effets ordinairement ob servés dans les empoisonnements par l’arsenic à haute dose. Bien que la fiole trouvée le 20 août dans la poche de la robe...

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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