Extrait du journal

Et le marquis n’osait pas se prononcer au fond de son âme ; mais il était tous le charme, et il fût sans doute demeuré long temps ainsi en contemplation devant celte femme qui se croyait seule et s’aban donnait à une rêverie profonde, s’il n’eût entendu tout à coup le sable des allées crier sous des pas lia mains. Le marquis se retourna, cessant de re garder la belle inconnue. Un homme s’avançait vers le pavillon, et M. de Tinténiac reconnut le vieux v let. Comme celui qui venait de partir, em portant l’nrgent et le portefeuil’e, celuici passa non moins près du marquis. M. de Tinténiac garda l’immobilité la plus complète et retînt son haleine. D’ailleurs le massif d’arbustes était, assez élevé et assez touffu pour le dissimuler à tous les regards. Le vieux valet entra dans le pavillon. — Eh bien! dit-il, est-il parti ? — Oui, dit la dame en levant la tête et s’arrachant à sa rêverie. — Et vous croyez, madame, qu’il ar- j rivera à temps? — Quelle heure est-il? • — Onze heures du soir. — Il ne faut pas sept heures pour aller à Paris. — Mais alors, demanda encore le vieux valet, tout est prêt? — Tout. On n’attend plus que l’ar gent. Le vieux valet garda un moment le si- j lenc?. Puis, attachant sur sa maîtresse un re- i gard rempli d’une mystérieuse tristesse : — Hélas! madame, dit-il, vous vous tuerez à ce jeu. Un sourire dédaigneux et fier vint à ses lèvres. — C’est désormais mon unique mission en ce monde, dit-elle, il faut que je l’aci complisse. —- Jusqu’au bout? demanda encore le vieux serviteur....