Extrait du journal

Or le chevalier était un homme hardi, il l’a bien prouvé. Enfermé à la Bastille, il avait formé le projet de s’évader, et ce projet il le mena à bonne fin. Il perça un mur, creusa un souterrain, traversa les deux enceintes fortifiées, et il allait enfin être libre, car il ne lui restait qu’à franchir le seuil d’une porte dont il avait la clé, quand une sentinelle qui dor mait s’éveilla subitement et croisa le mousquet devant lui. * % Le chevalier n’était pas homme à s’ar rêter pour si peu. Il plongea un poignard dans la gorge du soldat. Mais le soldat jeta un cri en tombant. Ce cri donna l’alarme aux sentinelles du dehors et le chevalier fut arrêté de nou veau. x Cette fois le foi, apprenant à Versailles ce qui's’était passé,- manifesta son indi gnation. Le chevalier, prisonnier, fut traduit de nouveau devant le parlement, qui le con damna à avoir la tête tranchée. • Ici, le marquis de Tinténiac interrom pit brusquement le narrateur. — Et ce Palmure, dit-il, est parvenu à s’échapper une seconde fois ? — Oui, monsieur. — Comment cela ? — C’est ce matin môme qu’il devait être mis à mort sur la place de Grève. — Fort bien, dit le marquis. — Il était enfermé à la Bastille, et hier soir, à minuit, le gouverneur l’a trouvé dans son cachot. Par excès de précaution, on lui avait lié les mains derrière le dos, et on avait placé dans le corridor deux sentinelles qui de vaient d’heure en heure s’introduire dans le cachot et lui adresser la parole....