Extrait du journal

C'était une adorable femme que la princesse Mirza, et bien faite pour concilier à son royal époux la soumission et la tendresse d'un peuple toujours demeuré fidèle, à travers les âges, au culte de la Beauté. Etre l'esclave d'une souveraine dont le seul aspect fait ployer d'eux-mêmes les genoux et courbe les fronts sous nne admiration muette, dont un regard vous ferait courir à la mort, dont un sourire rendrait doux les plus cruels supplices est un sort enviable après tout, et très préférable aux fausses virilités républicaines. La tyrannie, qui a toujours été le rêve des gouvernements, au point de vue du développement des arts, n'a jamais eu, au fond, contre elle, que d'avoir été exercée par des hommes. Aucun plaisir à suivre les caprices de ceux-ci, surtout lorsqu'ils ressemblaient à ceux de Denys le Syracusain ou de Tibère. Mais obéir aux imaginations même farouches d'une despote portant au front, dans le ruissellement de sa chevelure et sous l'or du diadème l'invincible sceau de la Beauté toute puissante ne saurait déplaire qu'à de misérables insurgés contre la seule loi divine de la nature, celle qui nous prosterne aux pieds d'un Idéal sans merci....