Extrait du journal

Tu ne saurais croire, me dit mon ami Marcel, qui n'est pas inconnu pour toi, lecteur que je sais son ami autant que le mien, tu ne saurais croire à quel degré de nervosité ce vent d'autan qui souffle au dehors,s'engouffre dans les cheminées, décapuchonne les femmes par le bas, décorne les maris par le haut, secoue les arbres et découronne les toitures, ce vent d'Afrique malfaisant, plus dur que le mistral parce qu'il s'obstine plus longtemps, amène quelquefois les habitants de ce pauvre pays. Ce qu'il fait pousser de jurons sur les lèvres, ce qu'il fait crier les paralytiques dans leur lit, ce qu'il dresse, jusque sur la tête des chauves, de chevelures absentes ne se saurait dire. Un souffle de folie passe sous tous les crânes. Et encore se faut-il louer quand il ne fait pas pleuvoir des calottes sur les visages et ne suscite pas de méchantes affaires entre gens pacifiques à l'ordinaire, comme le duel du major Canteloup, que j'ai dû te conter déjà....