Extrait du journal

Il subit des émotions, il conçut même quelques rares pensées. Les gens de campagne vivent au cœur de la. nature sans communier avec elle. Ils n'en connaissent que le sol labourable, qu'ils piétinent et qu'ils travaillent : encore le travaillent-ils comme des outils insensibles, et ils n'éprouvent pas plus de jouissance à féconder la terre que leur soc d'acier qui la déchire. François avait la bonne part : il ne travaillait pas la terre, mais il apprenait à l'aimer, en se couchant contre elle des heures; il aimait aussi les choses subtiles qui l'enveloppent et où il se sentait baigner avec elle, l'atmosphère invisible et vibrante, le ciel où ses pauvres yeux louches se levaient parfois pour autre chose que pour y chercher des promesses de beau temps utile ou des menaces d'orage. Il ne voyait pas droit, mais il voyait plus loin que les autres, qui vont toujours courbés sur le sillon....