Extrait du journal

Elle regarde le ciel qui, dans l'écartement des branches, s'allonge en s'étrécissant jusqu'à ce que, tout au bout de l'allée, les arbres semblent s'être rejoints. Elle s'amuse de l'idée que ce n'est pas le ciel qu'elle voit ainsi, mais une eau qui coule entre deux rives bizarrement découpées. Voici que sur le Jait nacré de ce fleuve-rêve s'allument des-points d'or; sans doute les falots de barques; que l'on ne voit pas parce que c'est loin, si loin. Et la petite fille s'imagine qu'elle est transportée dans l'une de ces barques et qu'elle glisse très vite sur l'eau sans plis,très vite vers une île qui est quelque part la-bas et qui va surgir des blancheurs de l'horizon. C'est un endroit inconnu auquel sans cesse elle songe et où elle sait qu'elle doit aller un jour — plus tard, — un endroit où l'herbe est pleine de fleurs semblables à celles des bouquets rares auxquels les enfants ne touchent pas. Et puis, il y fait clair!...