Extrait du journal

Au Bois de Boulogne, les premières brumes de verdure tremblaient sous le ciel du printemps, laiteux et doré : l'atmosphère palpitait d'une douceur à faire défaillir, et c'était justement l'heure la plus suave de l'après-midi. Parmi les autres, une voiture s'avançait, conduite par une femme impérialement belle. Le cheval, maintenu au pas sous l'ondulation du fouet, agitait la tête, et semblait frémir amoureusement sous le joug. La femme était vêtue de soie pâle glacée d'argent, coiffée d'une capote légère d'où fusait une aigrette de plumes cerclée d'un nœud de rubis pareil à un anneau de feu. Sous ce diadème de fée, le visage était une aurore : l'œil d'une rivale n'aurait pu discerner ce que le maquillage avait ajouté à sa splendeur ingénue, et la rousseur des cheveux caressait si bien le regard, qu'on n'y soupçonnait pas la fraude d'une coquette....