Extrait du journal

Bavez-vous la scène que j'imagine et -qui se passe peut-être, à l'heure ou j'écris, à.la grande Casbah, blanchie à la chaux, d'El-Obéid? Dans la petite salle d'audience, ouverte sur la cour intérieure, toute pleine d'ombre bleue, tandis que le 50leil cuit les geckos sur les murs extérieurs, notre confrère de l'Intransigeant, M. Olivier Pain, est assis sur un divan bas recouvert de tapis. Il est vêtu d'un burnous blanc sur une gandura de soie, coiffé d'un turban, les pieds dans des bottes de maroquin rouge. Il fume sa cigarette, à moins que ses doigts ne soient occupés à égrener un chapelet en bois d'olivier. Des Soudaniens, presque nus, portant à la ceinture le poignard recourbé, à manche d'ivoire, enfermé dans un étui de peau de serpent, montent la garde à ses côtés, nonchalamment appuyés sur le fcois de leurs longues lances à fer dentelé....