Extrait du journal

Je ne saurais imiter cet exemple, par la bonne raison que « la crise », loin d'être finie, est aggravée. M. de Freycinet, ne donnant un démenti qu'aux esprits légers, a gardé l'attitude que nous avions regrettée et louée à la fois, dès le premier jour. On a fait un cabinet, comme ma pauvre mère, économe, me faisait des culottes quand j'étais petit, avec des pièces et des morceaux, et sans en avoir assez pour cacher la nudité de notre cher pays f On a gardé ce qu'on a pu des anciens ministres, et deux ou trois « bonnes à tout faire » ont changé de portefeuilles entre elles,au milieu des risées de la foule qui cache son inquiétude sous ses railleries. On a mis un magistrat aux finances et un financier à la justice, comme si on voulait prouver que rien ne change sous le soleil et que les vieux mots de Figaro sont encore de saison. A la tête de cette combinaison, on a placé un petit homme peu aimé, qui n'a cessé d'être inconnu que pour devenir impopulaire. Le petit homme, d'ailleurs, ne supprimera pas les sous-préfets ; et comme la Chambre ne veut plus de sous-secrétaires d'Etat, il s'empressera, dit-on, d'en créer un ou deux de plus. Ce qui prouve ce que pèsent les opinions de M. Clémenceau et montre où aboutissent ses votes !...