Extrait du journal

Bref, cette fête était un banquet. Naturellement. Peut-être n'est-il pas convenable du tout de célébrer par un banquet une décoration. Au fond, il est juste d'éprouver quelque mélancolie lorsqu'on reçoit « une distinction honorifique », même si on l'a sincèrement désirée. La Légion d'honneur, même les palmes académiques, c'est la jeunesse qui s'en va, c'est la jeunesse qui s'en est allée. Je veux bien que la Légion d'honneur et que même les palmes académiques consacrent dans une certaine mesure le succès. Mais tout ça, comme dit l'autre, ne nous rajeunit pas !. J'en conclus que les manifestations publiques en faveur d'un légionnaire du dernier bateau sont nécessairement un peu tristes. Il est vrai que Gémier n'a jamais été d'une jeunesse plus active, plus audacieuse et plus entreprenante qu'aujourd'hui. Et, par conséquent, mes observations n'ont, en les circonstances, aucune raison d'être. Aussi bien, c'est précisément pour cela que je les fais. Et elles ne sont d'ailleurs pas moins justes pour cela ! Bref, j'aurais bien voulu m'associer aux innombrables amis do Gémier qui se sont considérés comme suffisamment heureux de son succès pour manger une nuit en sa compagnie des mets variés el boire des alcools divers. Mais l'heure de ce repas de fête m'a semblé mal choisie....