Extrait du journal

Comment, parmi de tant de psychologies, ne nous a-t-on pas encore donné la psychologie du voyageur? Non celle de l'explorateur, du spleenétique toujours errant, ou du missionnaire en cognacs, en dentelles ou en chocolats, mais du voyageur par occasion, de celui qui éprouve, tous les ans, vers le milieu dejuillet, l'impérieux besoin de boucler sa canne avec son parapluie, de se mettre en souliers jaunes et en casquette de drap, puis de monter en wagon, de partir, de s'en aller, de coucher dans les hôtels, et de dévorer les kilomètres. Que voulez-vous! Il lui faut pendant quelques semaines, à ce pauvre sédentaire corrompu, le ravigotement du grand air, la course dans l'espace, et qui sait?. Peut-être la conscience d'obéir à sa vraie destinée d'homme, la sensation de rouler et d'errer, comme tout erre et roule en ce monde, depuis les planètes jusqu'aux atomes !...