Extrait du journal

Souvent de fuir les cours obligatoires où je dépérissais pour un autre cours dont peut-être un élève uniquement soucieux de ses examens n'avait que faire, mais qui me ravissait : c'était Celui que professait M. Gebhart sur l'Italie et la Renaissance. Comment ne pas aimer d'abord cette figure forte à la fois et fine, avec un cou épais, des yeux enfoncés sous les sourcils abondants, le nez camus ? Il n'avait rien de professoral et, en effet, ce professeur n'enseignait pas : il contait des histoires, évoquant nans les molles vallées italiennes ou dans les rues des villes, des personnages en costumes, Ironique, bonhomme, crédule tout ensemble et sceptique. Nous étions, pour employer une vieille image, suspendus à ses lèvres, et, sanâ nous en douter, nous apprenions bien plus et bien mieux à écouter ces récits illustrés qu'à suivre des cours pédants où l'on bâille d'ennui. La vie de Catherine de Sienne, les crimes des Borgia, l'aventure amoureuse de la petite Vicia, femme du baron Thierr, sire de Bouxières, que de charmantes histoires ce délicieux conteur nous contait !...