Extrait du journal

; Vous connaissez déjà le pretexte ou la cause de ces manifestations. On célèbre le cinquantenaire de Mireille. On inaugure le balais du Félibrige, que Mistral a noblement donné à la ville d'Arles avec le montant du prix Nobel. On inaugure en même temps la statue de Misural. Cette dernière inauguration est parfaitement ridicule. Et je ne comprends pas que, dans un pays comme le notre, ou le goût, la mesure, le sentiment des nuances sont des qualités nationales, on tolère des bouffonneries d'une aussi grotesque exubérance. Il iaudra biéntôt interdire d'une. façon femelle et absolue l'érection de statues en l'honneur de vivants. Protégeons le bon sens français ! A la vérité, si on accoride une statue à un vivant, c'est probablement parce que, après sa mort, personne ne songerait plus a l'en gratifier. Mais 'la statue de Mistral était inévitable, puisque sa gloire doit aurer. La manifestation de dimanche à Arles est donc sans excuse. Ajoutons en toute hâte que MisIral a compris le comique de cette statue prématurée et qu'il a essayé doucement de s'opposer à son inauguration. Naturellement, il n'a pas triomphé. Vous n'avez pas pensé un Óeul. instant, n'est-ce pas, qu'il aurait pu triompher !...