Extrait du journal

J'en suis un peu surpris, je ne m'en sens point offensé. L'on n'a pas été grand'chose tant que des inscriptions anonymes et vengeresses ne vous ont pas cloué au pilori de l'Histoire.Et puis, même dans l'expression de ses inimitiés, la jeunesse porte on ne sait quelle fougue, quel accent de générosité qui réconforte et qui caresse. Chose singulière, que l'enfance puisse être mauvaise et sans pitié, et que la jeunesse ait le privilège exquis d'embellir jusqu'à ses haines et de ne point blesser ceux qu'elle frappe. Sans doute, estrce que l'enfance, comme la vieillesse, formé un petit monde, aux horizons bornés, ayant sa vision propre de l'existence et des choses, tandis que dans la jeunesse, âge de transition et d'expansion, toutes les ardeurs, toutes les énergies se déploient sans autre règle que la joie de leur affirmation. L'enfance, c'est la fleur qui passe ; l'adolescence, c'est le bourgeon qu'elle laisse après elle, qui craque sous l'effort superbe de la sève et va s'épanouir vers la vie....