Extrait du journal

On entendait grommeler quelques vieillards dont les amoureux ébats avaient été le scandale du régime précédent, et qui assistaient à ceux de la jeunesse nouvelle avec le dédain maniaque d'un an-' sien abonné du Théâtre-Français pour les successeurs de Tiron et de Beauvallet. « Il en est de même, murmuraientils, des courtisanes et des gouvernements : les peuples ont toujours celles qu'ils méritent. » Mélancoliques, ils évoquaient Gora Pearl, les basquines de velours, les robes bouffantes et raides les cheveux d'avoine, tant d'élégances devenues pour nous de doux ridicules. Ce regret les faisait presque poètes. « Les derniers grelots de la joie païenne, disaient-ils, ont tinté dans la voix des courtisanes de l'âge impérial ; leur main, qui depuis s'est ridée, a pour la dernière fois agité au dessus de l'orgie moderne le thyrse des bacchantes. Ce furent les prêtresses suprêmes du rire....