Extrait du journal

S observateur de moeurs, me déclara, à brûle,pourpoint master Lincoln, devrait faire un stage de quelques mois dans une de ces agences de renseignements qui pullulent à Londres, et qui offrent à i la clientèle, moyennant quelques « guineas », des filatures en règle... Oui, il devrait y occuper temporairement un emploi, de préférence celui de limier. Ce n'est pas évidemment un métier très reluisant, et je n en connais guère de plus bas, mais quelle aubaine pour un écrivain soucieux de travailler sur le vif... J'ai rempli, moi-même, cet office une année durant... Oh! non point certes pour me documenter, mais pour des raisons beaucoup plus prosaïques : J'avais besoin de subsister et je n'avais pas le choix des moyens : Primo vivere... Toute question de dignité mise à part, c'est une époque de ma vie que je ne renie ni ne regrette... Je publierai un jour les souvenirs qui se rattachent à cette phase de ma jeunesse... Ce sera un recueil d'anecdotes tantôt lamentables, tantôt comiques, quelquefois tragiques... Celle que je vais vous conter ici a suscité en moi une crise morale qui dure encore, car si cette histoire est depuis longtemps dénouée dans les faits, elle ne l'est pas encore dans ma conscience... Et savez-vous, madame, quelle en fut l héroïne ? poursuivit M. Lincoln....