Extrait du journal

L’affaire du mariage royal a enfin éclaté au début de cette semaine. Elle était depuis long temps l’objet de toutes les conversations, mais publiquement, journaux et personnages offi ciels s'abstenaient d’y faire allusion. Le public se contentait de lire avidement les nombreux articles parus dans la presse américaine. Le silence a été rompu cette semaine par l’évêque de Bradford, qui a solennellement et en termes très durs, condamné les projets du Roi. On sait qu’Edouard VIII est tombé amou reux d'une Américaine doublement divorcée qu'il est décidé à épouser. Contre cette liaison s'élèvent les ministres, l'Eglise, les Chambres, les Dominions et l'opinion publique. M. Baldwin, après consultations des juristes de la Couronne et en plein accord avec les chefs travaillistes, a nettement posé le di lemme : — Ou le Roi renoncera à son projet de ma riage ou le ministère se retirera et aucun parti ne consentira à en former un autre. » La nation ne pouvait qu’approuver le Pre mier Ministre. Un roi doit vivre en roi et la liberté des particuliers lui est refusée. Le trône ne lui appartient pas. Il appartient à l’Angle terre, et il ne lui est pas permis d’en user à sa guise. Les légistes français d’autrefois disaient que la monarchie n'est pas héréditaire mais successive, pour montrer que le roi n’en a que l’usufruit et non la possession....