Extrait du journal
oubliées, ni perdues les menaces lancées à l’adversaire. Installé au pouvoir dans une atmosphère de catastrophe, le citoyen Trouillebasse rend la catastrophe inévita ble par la combinaison de ses prophéties menaçantes et son insuffisance gouverne mentale. L’autre jour, La Vie Financière rappelait les chiffres significatifs mis en lumière par M. Georges Lecomte à la Fédération des porteurs de valeurs mobilières. Les revenus mobiliers soumis aux trois taxes (timbre, transmissions, cédule) sont tombés de 22 milliards en 1630 à 15 milliards en 1933. A quoi s’ajoute la réduction de 1.200 mil lions due à la conversion des rentes. Dans son ensemble, la perte — en revenu — est de 30 c/c. En capital, sur les seules valeurs françaises, elle se monte à plus de 70 mil liards. C’est à ces épargnants, étrillés, que l’on va demander de souscrire 20 milliards d’emprunts nouveaux, et c’est eux aussi que l’on dénonce comme fraudeurs, et c’est con tre eux aussi que Fon mobilise tout l'arse nal des lois et de la paperasserie inquisito riale. Peut-on imaginer pareille aberration ? « Si le franc est eu danger, défendez-le. Mais s’il ne l’est pas, taisez-vous ! » Le public ne sort pas de là. On ne pourra ja mais lui faire croire qu’il est de bonne politique d’annoncer le désastre en se croisant les bras pour le voir venir. Com me le Français moyen n'a nulle envie de mourir, lorsqu’il sera bien convaincu de l’impéritie de ses dirigeants, il se mettra en devoir de se sauver tout seul. Et ce sera la fuite devant la monnaie, l’évasion des capitaux, la course à l’or, la baisse précipitée des rentes, les emprunts en pan ne et la culbute à brève échéance. • • • Il y a quelques années, la mode était à l’Orient comme elle est aujourd’hui à la Révolution. En 1930, les jeunes gens cher chaient le sens de la vie et s’abîmaient dans la métaphysique ; en 1933, ils ont découvert les beautés du chambardement et ils demandent à tout casser. Peut-être, toutefois, me sera-t-il encore permis de recourir à la sagesse chinoise et de citer Confucius. Gouverner, dit le Sage, c'est donner au peuple la prospérité avec la longévité. On donne la prospérité en allégeant constam ment les impôts et en faisant des écono mies. Le peuple alors s'enrichit. Il n’y a plus de complications. On ne commet plus de fautes. Ainsi on atteint à la longévité. Il est une grande méthode pour faire naître la richesse. Que ceux qui produisent soient multipliés ; et ceux qui dépensent réduits en nombre. Que ceux qui travail lent redoublent d'efforts. Et ceux qui ad ministrent, qu’ils soient économes. Alors la richesse sera constamment suffisante (1). Tel pourrait être le texte de la prochaine loi de finances, si le citoyen Trouillebasse, représentant du peuple, avait entendu par ler de Confucicus. — Confucius ? se demandera-t-il. Ça doit être encore un clérical !... Pierre GÀXOTTB....
À propos
Anticommuniste, profasciste, antisémite et positivement favorable à Hitler, Je suis partout est le journal d’extrême-droite le plus violent jamais publié en France. Si violent que son directeur Arthème Fayard, fondateur des éditions Fayard, décide dès mai 1936 de cesser sa parution. À sa mort en novembre 1936, le journal est toutefois relancé par son fils et Pierre Gaxotte, futur membre de l’Académie Française.
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