Extrait du journal

P Tout allait pour le mieux dans le précé dent ministère. Tout va encore plus pour le mieux, si nous osons l'écrire, dans le ministère ectuel. Tout ira encore de mieux en mieux, sans doute, dans le prochain. Tel est l'ensemble des vérités officielles qu'il convient de mettre en tête de tout article, au moins en pensée. Cela posé, on nous permettra peut-être quelques ré flexions. 8 Loin de nous, humbles et modestes, l'idée de donner le moindre conseil à nos diri geants. Tout le monde sait que nous sommes à un tournant, qu'on ne parle pas dans les virages, et, à lire les journaux, on est vite convaincu que la politique et la diplomatie françaises ont fait un pas en avant considé rable parce que M. Reynaud a fait bonjour aux Américains par T. S. F. et qu'il e reçu deux fois un ambassadeur. Et on va voir ce qu'on va voir, tant pour la diplomatie que pour la propagande. Nous en sommes cons titutionnellement persuadés. P Aussi, sommes-nous convaincus de ne pro céder à rien autre qu'à une analyse de ce qui se produit, et non pas à un exposé de nos désirs, en revenant sur cette question de le propagande dont parlent aujourd'hui tous les journaux. Pierre Gaxotte et Robert B. avaient déjà abordé ce sujet il y a quelques mois. Rien ne permet de croire que leurs réflexions soient aujourd'hui dépassées par les événements. J Qu'est-ce que la prcpagande ? C'est l'art de persuader. Qui doit être persuadé ? Qui persuade ? De quoi faut-il persuader ? Tels sont les trois termes sur lesquels, en bons scolastiques, nous pouvons appliquer notre pensee. On conviendra tout de suite que le premier d'entre eux, la personne à persuader, est assez important. J Nous ne pensons pas, en écrivant ces li gnes, au seul dénombrement des gens à persuader. On nous répondrait vite qu'il s'a git de convaincre le plus grand nombre pos sible d'étres humains, et la propagande tend naturellement à l'infini, ou plus exactement à la totalité de la terre. Le marchand de brosses à dents désire vendre ses brosses à dents à tous les habitants de notre globe. Mais nous pensons qu'il convient de con naître exactement ceux à qui l'on parle et, comme nous l'avons déjà écrit, que la pro pagande a pour premier devoir de se met tre à la place de ses auditeurs. 1 Parler à un fasciste comme à un démo crate libéral, ce n'est pas se mettre à la place du fasciste. Parler à un Allemand amateur d'images frappantes mais non logicien, comme à un Latin, ce n'est pas se mettre à la place de l'Allemand. Employer à la radio, même pour lire des communiqués sans nocivité, des Espagnols rouges, ce n'est pas se mettre à la place des Espagnols d'Espagne. Voilà trois exemples entre autres. Som...