Extrait du journal
La partie engagée Nous serions bien surpris si M. Pierre Laval n’arrivait pas, sinon à résoudre, du moins à dissoudre les résistances organisées autour des décrets-lois. L’homme est habile et, en dépit des apparences, ses adversaires ne sont pas pressés. Ils savent qu'un jour approche où, pour assurer la réalisation des réformes économiques qu’il a cru pouvoir entreprendre, i! devra se placer et se défendre sur le plan politique. C’est sur ce plan qu’ils l'attendent. Le jeu des partis, durant les semaines à venir, est donc fort limité. Du côté gouvernemental et national, attente résignée des résultats ; du côté de MM. Léon Blum et Daladier, excita tion des mécontentements, afin de créer dans l’opinion publique un état d'esprit favorable au Front commun et à la dissolution de la Cham bre sous le signe de l'antifascisme et sur le programme suivant : dissolution des ligues, abolition des décrets-lois, désarmement et pré lèvement sur le capital. l e chef du gouvernement n'ignore rien de tout cela et se propose d'v parer par des moyens exceptionnels destinés à lui assurer la continuité indispensable au succès de la partie nationale et aussi de la partie person nelle engagée. Les vrais « droits » perdus L’intérêt du moment est donc en dehors, non seulement de la Chambre, laquelle est heureu sement fermée, mais des partis. Un fait très grave n'est-il pas celui-ci : même lorsque le Parlement siège, on entend couramment dire : « Que vont faire les Croix de Feu ? », ou : « Que vont dire les paysans ? », ou : « Les fonctionnaires accepteront-ils ? » N’est-ce pas la preuve évidente que les vieilles formations parlementaires et les vieux partis politiques ne comptent absolument pour rien ? La plus puis sante force extraparlementaire aurait dû et devrait être encore constituée par les anciens combattants. Leur heure est depuis longtemps passée. L’esprit < ancien combattant > a été tué par M. Aristide Briand au lendemain de la guerre. Le fameux « Ils ont des droits sur nous » de Clemenceau a été réduit, pour ne pas dire avili, à des questions de gros sous et de rubans. Les politiciens ont « eu » les anciens combattants à coups de pensions, de retraites, de rosettes. Ces braves gens et ces gens braves, nui, depuis les grands chefs jus qu'aux « sans grade », montrèrent tant d’hé roïsme et de stoïcisme dans les pires horreurs de la guerre, se révélèrent d’une timidité sans nom dans les faibles, les ridicules, les comi ques jeux du Parlement. I/es sacrifices « sacrifiés » La formule d'explication était logique, mais d’une fausse logique : « Nous ne voulons pas, nous ne pouvons pas faire de politique ! » Comme si la politique ne s’occupait pas de ceux qui ne veulent pas s'occuper d'elle ! Ce fut le tort sérieux des anciens combattants de ne pas vouloir s’occuper de politique immé diatement après la guerre. Au front, que de fois n’avons-nous pas entendu des exclama tions comme celle-ci : « Ah ! les sa!...ds, qu'est-ce qu’on va leur passer en rentrant ! » Qu'est-ce qu'on allait leur passer ? On ne sa vait pas quoi ! Mais le sentiment général était, de toute évidence, un besoin de changement. Les anciennes équipes avaient permis la guerre et failli la perdre. « Ils ont des droits sur nous ! » Mais ce n’était pas uniquement des droits aux primes de démobilisation, aux pen sions, aux retraites, aux décorations ! Certes, personne n’est assez sot, ni assez...
À propos
Anticommuniste, profasciste, antisémite et positivement favorable à Hitler, Je suis partout est le journal d’extrême-droite le plus violent jamais publié en France. Si violent que son directeur Arthème Fayard, fondateur des éditions Fayard, décide dès mai 1936 de cesser sa parution. À sa mort en novembre 1936, le journal est toutefois relancé par son fils et Pierre Gaxotte, futur membre de l’Académie Française.
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