Extrait du journal
Licence et Liberté. ^ jiberté civile, sous toutes ses formes, importe autant à la uoerté du citoyen que la liberté morale à celle de l’homme. Aussi, sommes-nous convaincus que, bien que la liberté ne soit pas son but à elle-même, cependant ses développemens sont invariablement liés aux progrès de la civilisation. L’anéantisse ment de la liberté, l’absorption de l’individu dans ce tout abs trait que l’on appelle l’état, le communisme enfin, serait un retour de la société au régime informe de l’ancienne Egypte. Mais, la liberté doit-elle être illimitée, absolue ? Etrange question pour un citoyen qui, en adhérant au pacte social, a sacrifié à 1 intérêt général une partie de cette indépendance , qu avec Rousseau nous ne retrouvons que dans les solitudes sauvages. En société, la liberté de l’individu n’a-t-elle pas pour borne, au dire même de la constitution, la liberté des autres citoyens ? Que font toutes nos lois sans exception, sinon régle menter , c’est-à-dire limiter la liberté, prévenir ses excès, pu nir ses écarts. Franchement avouée par un publiciste plein de ressources , cette thèse insoutenable de la liberté illimitée, se retrouve dans les attaques violentes dirigées par la Montagne contre les diffé rentes lois présentées par le gouvernement depuis l’insurrection avortée du 13 juin : suspension des journaux, état de siège , lois sur les clubs, sur la liberté de la presse. Sans doute, qui ne désirerait sincèrement que ces nouvelles restrictions, apportées à des droits dont nous sommes justement jaloux, n’eussent pas été rendues nécessaires par les excès d une minorité factieuse et turbulente ? Mais la liberté doit-elle a la liberté de la calomnie, des insultes grossières , des appels incessans à la guerre civile, le sacrifice de sa propre liberté, la liberté de travailler pacifiquement au développement régulier, au progrès prudent de nos institutions ? Les droits de la majo rité sont au moins égaux à ceux de la minorité ; la liberté de i une vaut au moins la liberté de l’autre, et ce serait payer bien cher la liberté de tout dire, de tout faire de quelques-uns, que d obliger de paisibles citoyens de ne plus dormir que la main sur un fusil, prêts à jouer leur vie contre des barricades. Les clubs ont-ils contribué à corrompre les intelligences peu éclairées, à irriter des esprits trop impressionnables ? Certains journaux ont-ils habituellement excité à la guerre civile, donné le signal de prises d’armes? La conscience publique répond assez. L expérience de ces derniers quinze mois suffit pour apprécier où peuvent nous conduire les excès d’une liberté qui n’est réglée ni par les lois ni par la morale. Les lois restrictives de la liberté n’ont pas, dit-on, empêché deux révolutions à dix-huit ans de distance ; sans doute, mais l’absence de lois répressives eût hâté ces événemens déplorables* cûl certainement ajouté de nouvelles pages à nos tristes histoires de guerres civiles. Depuis la révolution de février, combien comptons-nous déjà de funestes journées, de tentatives d’insurrection ? Que la majorité d’ailleurs s’embarrasse médiocrement de ces hypocrites invocations à une liberté qui n’est que la liberté du mal, la liberté du désordre. Le sanglant despotisme de la con vention n a pas de plus véhémens panégyristes que les pré tendus défenseurs d une liberté dont ils n’ont jamais voulu que pour eux. Qu’a de commun la vraie liberté avec les admirateurs forcenés du comité de salut public? Ils se posent aujourd’hui comme ses défenseurs , demain ils en seraient les bourreaux....
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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