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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 28 juin 1849

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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement
28 juin 1849


Extrait du journal

DU PRINCIPE D’AUTORITÉ. Quelle que soit la constitution politique d’un pays, là où l’au torité ne rencontre que défiances, ne soulève que des blâmes, ne suscite qu’une opposition systématique et tracassière, tout progrès régulier, tout développement normal est radicalement impossible. Les forces des hommes d’état en possession du pou voir, s’usent, sans aucun prolit, à lutter contre les imputations, les calomnies, les dénis de justice qu’ils rencontrent sur leur route ; si la Nation, un instant moins attentive à ces luttes sans but sérieux, se demande quel progrès réel elle a accompli, elle ne trouve que cette fatale réponse prononcée il y a quelques années par un membre éminent du parti conservateur : Rien, rien, rien. A qui s’en prendre cependant de cette halte forcée dans un statu qiio déplorable ? — Presque toujours à l’opposition. Nous évitons avec soin de reporter trop souvent nos regards en arrière et de rappeler les anciens motifs de division entre des hommes aujourd’hui réunis dans une pensée commune ; ce n’est pas que nous soyons embarrassé de notre passé, mais plutôt que nous nous efforçons, dans les limites de notre publicité, de ne pas entraver l’avenir. Cependant le pays serait en droit de demander compte à l’opposition de la veille, des projets importans émanés de son initiative, qui ont été repoussés par cette majorité que l’on qualifiait avec plus de passion que de justice de majorité satisfaite ; le pays pourrait demander compte encore à cette même opposition, de ces attaques incessantes qui dé tournaient le pouvoir des éludes les plus importantes, et for çaient les ministres à se poser comme orateur de tribune, au lieu de se présenter comme législateurs de cabinet. Un homme dont l’opposition au ministère actuel rend le té moignage important, avoue l’impossibilité pour un homme d’é tat de faire de bons projets de loi et en même temps de bons discours pour les défendre. Nous sommes assez de son avis; mais, si l’opposition se montrait plus soucieuse des intérêts du pays que de son influence comme parti, nous verrions moins de ces interpellations, de ces discussions sans but et sans résultats possibles, dont le premier inconvénient est de faire perdre au pays et au pouvoir un temps précieux. Depuis le 10 décembre , que l’on se rappelle le grand nombre de séances consacrées à des débats oiseux sur des questions politiques qui avaient seu les le don d’exciter des orages et d’émouvoir l’opinion publique, et l’on comprendra à qui la France doit s’en prendre , si les six mois qui viennent de s’écouler sont aussi vides que l’année qui les a précédés en réformes utiles, en projets de loi constatant un progrès. Si nos assemblées délibérantes ne veulent pas répudier les exemples de luttes stériles qui ont rempli nos trente dernières années, l’autorité, sous le coup incessant de nouvelles attaques, perdra le peu de prestige qui la soutient encore. Nous ne deman derons pas aux révolutionnaires de se séparer de leurs doctri nes , d’oublier leurs tendances de violence ; si momentanément ils se résignaient au rôle d’opposans constitutionnels, leur na ture qui les porte à la guerre des rues et aux coups de main, prendrait bientôt le dessus. Le pays d’ailleurs ne croirait pas à leur conversion ; il est bien payé pour cela. Nous leur abandon nons le triste lot de faire envers et contre tous les pouvoirs, y compris le leur, de l’opposition systématique. Mais aux hom mes qui, les uns par un motif, les autres pour un autre, divisent la majorité et constituent un tiers-parti, nous dirons : que la France a fait assez l’expérience de ces partis intermédiaires qui, d’accord avec la majorité pour consolider les institutions exis tantes, n’ont eu jamais d’autre résultat que d’affaiblir le pou voir , sans profit aucun pour la liberté. Le premier besoin de la société actuelle est aujourd’hui une aurorité que l’on respecte ; ce besoin de constituer un pouvoir fort et respecté par tous est d’autant mieux senti, que les insti tutions républicaines lui donnent une moins grande durée, une part plus large de responsabilité. Cette nécessité de fortifier le pouvoir apparaît plus urgente encore, en présence des ten dances si générales et en même temps si légitimes de restituer aux départemens et aux communes leur part d’influence, si amoindrie depuis l’organisation impériale. Ce n’est pas avec les lois nouvelles, avec une pénalité draconmenne, avec des entraves à la liberté, que la France par viendra à donner à l’autorité cette force supérieure d’initiative et de direction qui lui manque. Tous les citoyens peuvent, dans le cercle de leur action, contribuer à amener ce résultat qui contribuera plus efficacement à la pacification des esprits que la plus sévère répression. Il suffit, pour cela, qu’ilsmontrentmoins de défiance à l’égard de tous les actes qui émanent de l’autorité. En U rance, quand le pouvoir parle et agit, on commence trop souvent par blâmer, sauf plus tard à reconnaître qu’on s’était peut-être trompé; avant tout examen , le pouvoir a contre lui des préjugés défavorables. Faisons trêve un instant à cet esprit de dénigrement qui s’est attaché à tous les hommes qui ont joué un grand rôle dans notre histoire ; rappelons-nous qu’aujourd’hui nous montrons plus de justice et d’impartialité à l’égard des ministres que l’opposition traînait autrefois dans la boue. La postérité qui a commencé pour M. de Villèle et M. Casimir Périer, s’informe à peine des inju res qui accueillaient tous les actes de ces deux hommes d’état ; pourquoi n’en serait-il pas de même des ministres que dans ces derniers temps une opposition violente assimilait à des traîtres ou à des niais. Cette haine contre toute autorité, et c’est la meil leure preuve de son injustice, sacrifie toujours l’autorité pré sente à l’autorité qui n’est plus. A l’en croire, MM. Od. Barrot et Faucher sont de plus mauvais ministres que MM. Guizot et Duchàtel ; ceux-ci, à leur tour, étaient placés au-dessous de WM. Polignac et Peyronnet. Ces attaques partiales et injustes contre les hommes politi...

À propos

Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.

 
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