Extrait du journal
LE DROIT AU REPOS. Au droit au travail, cette trompeuse formule qui a égaré tant d’esprits depuis février, un spirituel journal opposait dernière ment une autre formule, le droit au repos, que la France a bien mérité de conquérir par dix-huit mois d’agitation stérile et de luttes à main armée contre les entreprises des factions anarchi ques; non pas certainement le droit au repos dans l’immobilité, mais bien le droit au Yepos dans le travail normalement accepté, paisiblement accompli. Depuis février, la société est transformée en un camp, et cha que citoyen est soldat avant d’être travailleur. Aux tranquilles parades de la garde nationale réunie les jours de fête, ont suc cédé de tumultueuses prises d’armes, et dans les villes où l’a narchie compte un grand nombre d'adeptes, le citoyen qui re vêt son uniforme n’est pas sur, en laissant sa famille au foyer domestique , de la revoir quelques heures après. Tous les intérêts ont été alarmés, toutes les positions com promises, et ‘ c’est à peine si l’on peut compter sur un lende main pour les opérations les mieux conçues , les transactions commerciales les plus naturelles. Voilà dix-huit mois que la France en est réduite à ce régime d’inquiétudes continuelles, de luttes sanglantes, de défiances dans l’avenir le plus prochain. La victoire, remportée le 13 juin par le parti de l’ordre, ouvre-t-elle à la société des horizons éloignés de calme et de tran quillité ? aura-t-elle d’autre résultat que de nous procurer une trêve plus ou moins prolongée entre deux combats ? ne serat-elle qu’une éclaircie de beau soleil entre deux orages ? Depuis dix-huit mois, la France s’est fatiguée à ajourner ses espérances d’événemens en événemens. Elle a appelé de ses vœux la réu nion de l’Assemblée constituante ; et le 15 mai cette première espérance s’était déjà évanouie ; et le 23 juin, elle a pu crain dre un instant de voir perdue pour long-temps, la cause du bon droit et de la civilisation. Elle mit ensuite ses espérances dans l’élection du dix décembre, et les incessans tiraillemens de deux pouvoirs issus du suffrage universel, ont pu faire croire à un conflit dont l’issue était une nouvelle révolution. La France a désiré alors être consultée dans ses comices, et a approuvé, par le choix de ses représentai , la politique du président de la république ; la minorité, vaincue devant l’urne électorale , est descendue dans la rue pour reprendre, par la violence, ce pouvoir que le suffrage universel lui avait solen nellement refusé. L’émeute a été vaincue ; la situation s’est de nouveau éclaircie. Pour combien de temps ? Qui peut le dire ? Que devient cependant, au milieu de cette agitation conti nuelle , le travail, cette condition première de tout progrès ? Depuis février, quelle œuvre littéraire a été inspirée par cette révolution qui devait régénérer les arts ? Quelle découverte scientifique est venue donner une nouvelle impulsion aux travaux de l’industrie ? Quels perfectionnemens ont pu pénétrer dans ces ateliers presque déserts, continuant péniblement une œuvre commencée avant l’ébranlement révolutionnaire. Cette tactique révolutionnaire , cyniquement avouée par un des chefs d’empêcher, par l’agitation , le commerce et l’indus trie de reprendre quelque essor, a réussi au-delà des désirs de l’anarchie, et la France n’a aujourd’hui qu’un seul désir: le re pos ; elle est lasse , au-delà de toute expression , de cette fié vreuse agitation qui a été sa vie depuis plus d’un an. La Monta gne avait inscrit sur son drapeau : le droit au travail ; le parti de l’ordre peut inscrire sur le sien le droit au repos ...
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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