Extrait du journal
CORRESPONDANCE PARTICULIERE Du Journal de Saint-Quentin. Paris, 6 février. C’est un des pires défauts de notre nature de passer, sans transition et souvent sans raison, de la confiance absolue au découragement le plus profond. Lorsque le ministère du 13 décembre fut constitué, il y eut en France comme une explosion de satisfaction générale. Le nouveau cabinet, dans son programme à la Chambre, ne disait-il pas en effet que tout conflit entre les fioavoirs publics était non-seulement écarté pour e présent, mais encore rendu dorénavant imfiossible ? N’ajoutait-il pas que le commerce et 'industrie allaient recouvrer leur prospérité, et les hommes qui revenaient aux affaires publi ques n’avaient-ils pas, à la fois, la confiance du Président et celle de la majorité du Parlement? La situation n’était pas en réalité tout à fait satisfaisante. Le ministère était à peine consti tué que l’affaire dite du Comité des Dix-Huit menaçait déjà d’amener une première crise, puis sont survenus l'incident Labordère, l’interpella tion au ministre de la guerre à propos des ma> nifestations du théâtre de la Renaissance, à Nantes ; l’attaque dirigée par M. Madier de Montjau contre la magistrature au sujet de la révocation de M. de Prandières à Grenoble, etc. Bref, il semble que la Chambre n’ait perdu au cune occasion de chercher à inquiéter le minis tère républicain dont elle avait si instamment réclamé la formation. Enfin, ces jours derniers, M. Henri Brisson, se faisant l’interprète de ce parti, qui prétend tenir sans cesse le gouverne ment à son entière discrétion, avait obtenu de la Chambre un vote suspendant la discussion du budget jusqu’après le complet achèvement des vérifications de pouvoirs. C’était là une très-grave résolution : en effet, soixante-douze élections, la plupart contestées, restent encore à valider, ce qui donne au mini mum une moyenne de quinze à vingt séances; si vous ajoutez à cela la discussion des lois sur le colportage et sur l’état de siège qui viennent d’être mises à l’ordre du jour, vous reconnaîtrez que les débats et le vote du budget étaient forcé ment ajournés au mois prochain ; or, comme les deux douzièmes provisoires ne s’appliquent qu’aux mois de janvier et de février, il fallait donc, de toute nécessité, avoir encore recours au même expédient, jusqu’à ce que la Chambre d’abord, et, après elle,le Sénat, aient pu en finir avec le budget de l’exercice courant. Là-dessus, il s’est fait un certain bruit, tant à Paris qu’à Versailles ; on a dit que le Maréchal s’était plaint personnellement d’une situation trop peu conforme aux assurances qui lui avaient été formellement données, en décembre, lors de la constitution du cabinet parlementaire ; il au rait ajouté, qu’ayant tenu de son côté, avec la fidélité la plus scrupuleuse, les promesses qu’il avait faites alors, il ôtait en droit d’attendre, de la majorité de la Chambre, la même exactitude et le même souci des intérêts du pays. Il y aurait eu alors conseil sur conseil, délibé ration des membres du cabinet avec les chefs de la majorité, résistance d’un côté, menace de démission de l’autre ; en un mot, nous aurions été à la veille d’une nouvelle crise, d’autant plus regrettable qu’elle se compliquait des af faires d’Orfent et de la très-prochaine ouverture de l’Exposition universelle. Mais, si vous vous rappelez ce que je vous ai dit déjà, que M. Gambetta ne voulait pas de crise cette année, précisément parce qu’il tenait à assurer le succès de la première Exposition faite sous un gouvernement républicain ; si vous vous rappelez encore les récentes déclarations du député de Pariai tant au cercle de l’Athénée qu’au banquet de Belleville, vous reconnaîtrez que ces craintes étaient vaines. Il a suffi que le ministère se soit,- nettement prononcé sur la question du budget pour que M. Gambetta, luimême, revenant à de meilleurs sentiments, ait été le premier à demander à la Chambre de rapporter sa décision et de mener désormais de |...
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Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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