Extrait du journal
Le mot conciliation est dans tous les cœurs vraiment patriotiques ; un comité de députés ou anciens députés de Paris devait, dit-on, se rendre à Versailles pour demander un armistice de deux jours qui permettrait de déterminer les hases de cette conciliation ; divers journaux et correspon dants ont assuré aussi que cette effroyable guerre civile touchait a sa fin ; et cepen dant, aujourd’hui encore , nos dépêches nous annoncent que la lutte continue... Nous donnons plus loin le récit des jour nées du o et du fi avril. Les communalistes sont refoulés, il est vrai, derrière les remparts de la ville, mais la situation dans Paris devient chaque jour plus grave. Le Comité central cherche dans des me sures extrêmes la force morale et le point d’appui qui lui manquent. Il supprime des journaux, il emprisonne les membres du clergé, il enrôle magré eux les jeunes gens, il dispose aussi arbitrairement de la liberté matérielle des citoyens que de leur liberté politique, il vient d’édicter une loi des sus pects, comme si, ne pouvant se faire aimer, il en était réduit àsc faire craindre. Toutes ces violences sont évidemment autant de preuves de faiblesse. D'ailleurs, M. de Kochefort lui-même avoue que les communalistes sont vaincus, elles accuse d’avoir entrepris la lutte avec une « légèreté incroyable. » « Si, par aventure, ajoute-t-il, nos amis avaient pris Versailles,l’Assemblée se serait repliée sur Fontainebleau, puis sur Or léans, puis au besoin sur Pondichéry, ce qui changerait en une simple chasse à courre la lutte actuellement pendante entre les deux pouvoirs. » Mais Paris rentrant chez lui et voulant par la force sc séparer de la province, c'est là heureusement un projet aussi imprati cable que l’autre. « Paris — ceci, dit le Siècle, est une vé rité d'évidence — ne peut vivre matérielle ment que par le commerce et l’industrie. La ville, ne produisant pas d’objets de con sommation, est obligée de les tirer du de hors et de fournir en échange les produits de ses manufactures. Or, dans l’état actuel. Paris ne travaille ni ne trafique; le com merce est nul, nulle aussi l’industrie. » Paris, déjà plus qu’à demi épuisé par cinq mois de blocus, ne subsiste qu’en dé pensant le reliquat de son épargne. Toute journée qui s’écoule constitue pour la cité une perte sèche ; elle entraîne la destruc tion d’un capital qui n’est point remplacé. » Le plus optimiste des partisans de la commune ne nous contredira pas si nous affirmons que la prolongation de la situa tion présente écarte absolument tout espoir de reprise du travail. » La ruine absolue et la disette sont donc au bout. C’est chose fatale, contre laquelle ce serait chose puérile de se débattre. » Si Paris n’est pas déjà soumis au blo cus matériel comme pendant le siège, c’est, — il faut en convenir, — parce que le gouvernement de Versailles ne veut pas recourir à cette extrémité. » Un ordre suffirait pour arrêter tout ar rivage de denrées. L’impuissance militaire de la commune hors de l’enceinte de la place réduit Paris à ne subsister que sous le bon plaisir de Versailles. » Nous espérons encore que la population saine de Paris finira par faire comprendre aux exaltés les dangers de la situation, et leur démontrera clairement que Paris ne pouvant vivre sans la province et étant de plus impuissant à renverser le gouverne ment élu par la France entière, Paris doit en conséquence et pour éviter une ruine complète, chercher à se rapprocher de ce gouvernement sur le terrain d’une équi table conciliation. En attendant, l’Assemblée nationale poursuit à Versailles le cours de ses délibé rations sur la loi municipale....
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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