Extrait du journal
l,e grand corps électoral de France est désormais, sous le règne du suffrage uni versel, le seul souverain absolu devant le quel tous les partis sont contraints de s’in cliner. Aussi a-t-il ses adulateurs, tout comme le Grand Roi, sous le règne du bon plaisir. Aujourd’hui qu’il vient- encore d’expri mer sa volonté, si inattendue et si con traire qu'elle soit aux prévisions de bon nombre de gens, c’est à qui d'applaudir bénévolement. La lecture des journaux cherchant à ex pliquer le véritable caractère des élections du 2 juillet est curieuse à ce point de vue. Par exemple, nous voyons le Siècle, qui, hier encore, tenait les ruraux en. médiocre estime, venir déclarer aujourd'hui qu’il ne connaît rien dans l’histoire de plus con sidérable que l'acte électoral accompli par les paysans. Hier, il leur tournait le dos, aujourd’hui c’est aux « laboureurs et aux vignerons » qu’il fait l’honneur de ce qu’il appelle la « révolution émancipatrice. » Nous doutons que les honnêtes habitants des campagnes se laissent prendre à ces pa linodies. De son côté, Y Avenir national, tout en avouant que le résultat de Paris le satisfait moins que celui de la province, s'écrie pour se consoler: — « Paris reste et restera ce qu’il est, ce qu’il a toujours été depuis trois siècles : la ville par laquelle périssent les monarchies, la ville qui a tenu Louis XIV en échec, la ville qui a chassé Charles X, qui a chassé Louis-Philippe, qui a chassé la dynastie napoléonienne. » Pourquoi Y Avenir national n’ajoute-t-il pas à cette énumération de hauts faits que Paris est également la ville qui a subi la terreur de 1793 et celle de 1871, qui a ac clamé le 18 brumaire et laissé faire le 2 décembre, qui a fait le 15 mai, le 24 juin 1848, le 13 juin 1849 et le 18 mars 1871. VAvenir national arriverait ainsi à con clure que si Paris est la ville par laquelle périssent les monarchies, elle peut être con sidérée aussi comme la ville par laquelle les républiques durent peu. D’ailleurs,il s'agirait maintenant de s’en tendre sur le genre de république que dé sire adopter le pays. H yen a de toute sorte, depuis la république oligarchique, la répu blique de droit divin et la république de la commune, jusqu’à cette république dont Washington a pris l’initiative et qui a reçu jusqu’ici son expression la plus complète aux Etats-Unis. Nous trouvons cette question posée en très-bons termes par le Constitutionnel, et en attendant que nos députés l'aient ré solue, nous ne croyons mieux faire que de reproduire ici quelques lignes de l’article de notre confrère : «Userait bien temps, dit-il, d’en finir avec ces compétitions soi-disant républi caines. C’est déshonorer, c’est fausser l’idée de république. De quel droit tel ci toyen, tel écrivain s’érige-t-il en pontife exclusif et intolérant d’un principe qui par lui-mème est le moins exclusif, le moins intolérant de tous les principes? Est ce que la République paut devenir un monopole? Est-ce qu’elle peut être confisquée par qui que ce soit ? » M. Thiers, qui la gouverne en ce mo ment, et avec quelle gloire, nous le savons, M. Thiers l’a-t-il réduite aux étroites pro portions d’un parti? Il en a fait, au con traire, ce qui est dans son droit, dans sa nature, dans ses nécessités essentielles, il en a fait le parti de la France, et il convie tous les honnêtes gens de la France à le servir. Voilà le vrai idéal î Et c’est ainsi que les promoteurs de Y Union parisienne Lavaient compris. Leur programme, qui n’était autre que le programme de M. Thiers, le signifiait assez eloquemment. » Il ne faut pas se faire illusion, la Ré publique pétrifiée dans un parti ne se fon dera pas. Pour qu’elle se fonde, il faut qu’elle jaillisse non d’un cerveau isolé plus ou moins fanatique, mais de la pensée du sentiment du pays, tout entier. La Ré publique n'est point une satisfaction don née à quelques ambitions individuelles, c’est le résultat solennel et incontesté de toute une situation. » Mais toutes ces considérations sont encore jusqu'à un certain point du domaine de la politique théorique. Revenons à la poli tique pratique du jour. L’Assemblée nationale, dans sa séance du 6, a voté la loi sur le rétablissement du cautionnement par 314 voix contre 197 , après que l’amendement de M. Emile Leroux demandant une nouvelle réduction du cautionnement des journaux de pro vince eut été rejeté à la majorité de 65 voix seulement. Après ce vote, une malencontreuse mais patriotique proposition de M. Joubert est venue troubler la fin de la séance. Cette proposition ayant trait aux permis de sé jour pour les étrangers et M. Joubert ayant parlé à ce sujet de la présence des Alle mands enFrance, la Chambre a cru devoir lui demander de mesurer ses paroles et M. Jules Favre a dù monter à la tribune pour y faire entendre des paroles de con ciliation et de paix. Le ministre a adressé à la Chambre les conseils que la note de YOfficiel, qu’on lira plus loin, adresse à la finesse, et malgré quelques interruptions de a droite couvertes par les marques d’apSrobation de la gauche, il a terminé son iscours par les paroles suivantes :...
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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