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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 9 mars 1845

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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement
9 mars 1845


Extrait du journal

NEUVIÈME PARTIE. Ernest se tut. Un mot de plus de sa part poussait la discussion dans les limites de l’exaltation, et c’eût été troubler la magnifique harmonie qu’expiimait dans ce moment toute sa personne. Ernest, dont l’amour était un culte fanatique , recula devant ce sacrilège. D’ailleurs, Georgina elle-même avait jeté les yeux sur la pendule de la cheminée ; elle avait vu que l’heure du dîner ne tarderait pas à sonner. La jalousie devait céder le pas au triomphe de sa coquetterie de femme. Quelques paroles qu’elle s’empressa d’adresser à M. de Kechebrune , d’un ton plus affectueux, dissipèrent le nuage qui les enveloppait. Le calme reviot, et, avec le calme, le sourire sur ses lèvres et l’insouci dans son âme. Tous les convives étaient réunis dans la salle à manger. L’arrivée de Mme Saint-à ves et de M. de Rochebrune excita un léger frémisse ment de surprise. Les dames, la plupart anglaises, qui siégeaient à cette table , étaient habillées selon le système de superfétations somptueuses qui les caractérise. Elles donnaient de furtifs regards à la Parisienne, dont elles admiraient le bon goût, mais dont elles critiquaient tout bas les manières un peu affectées. Peut-être avaient-elles raison pour Mme Saint-Yves, mais Mme de Rochebrune elle-même, avec sa tenue parfaite, eût elle été assise à cette table , qu’elle ne se fût pas trouvée à l’abri do même reproche d’affectation de la part du même monde. Car c’est un parti irrévocablement pris parmi les Anglais que d'attribuer aux femmes de France, des défauts qu’en général les femmes de la Grande-Bretagne possèdent plus libéralement encore. Les calomnies sur les Français s'acceptent en Angleterre comme ua mot d’ordre, une consigne militaire, et se répètent avec un aplomb de mauvais goût dont on est bien loin de se faire une juste idée. L'affectation des manières attribuée tout bas à Mme Saint-Yves ne l’empêcha point de devenir un objet d’attention de la part du plut grand nombre des cavaliers. Les ladies aux façons monumentales furent com plètement négligées, et un cercle se forma autour de Georgina, Rq-...

À propos

Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.

 
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