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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 9 octobre 1887

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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement
9 octobre 1887


Extrait du journal

Saint-Quentin, 8 octobre. L’ambassadeur d’Allemagne a renouvelé hier, au sujet de l’affaire de Raon, les re grets officiels de son gouvernement à M. Flou rens et lui a remis une somme de cinquante mille marks destinés à assurer le sort de la principale victime. Cette ré paration est indépendante des poursuites qui seront dirigées contre le soldat Kauftmann. Il reste à désirer maintenant que l’Allemagne comprenne le danger que font courir à la paix européenne les sé vères instructions que ses agents de la frontière exécutent trop à la lettre. Voici la seconde fois depuis bien peu de temps qu’un incident grave se produit. Dans les deux cas, on a pu arriver à une so ution satisfaisante ; rien ne dit qu'il en serait de même si l’on avait à déplorer un nouvel excès de zèle de la part des fonctionnaires allemands. Encore un scandale. Celui que nous avons à signaler aujourd’hui est d’autant plus pénible qn’il atteint un haut chef de notre armée. Un général français, souschef d’état-major général, commandeur de la Légion d’honneur, a été mis en nonactivité par retrait d’emploi. Cette mesure est motivée, d après une note officieuse, « par la conduite privée de cet officier et la situation embarrassée de ses affaires ». Plusieurs journaux formulent contre lui des accusations plus graves encore. Quoi qu’il en soit, puisque le coupable a été frappé, il serait peut-être bon que l’on laissât à l’autorité militaire le soin de rechercher ce qu’il peut y avoir de fondé dans la nouvelle qu’on a publiée et d’après laquelle le général aurait trafiqué des déco rations de la Légion d’honneur, ce qui nous paraît inadmissible. L’émotion même que ce fait même a produite est une preuve de la haute honorabilité de notre armée que l’indignité d’un de ses membres ne saurait atteindre. Souhaitons que les organes des opinions avancées le compren nent et ne fassent pas de ce douloureux événement un argument politique. Un agent consulaire français à Laurium vient d’étre révoqué « pour fait se ratta chant, dit Y Agence Havas, au récent sé jour d’un prince d’Orléans en Grèce. » Voici pour quel méfait cet agent, M. Mandet, aurait été puni : 11 est directeur des mines de Laurium et c’est en cette qualité qu’il a reçu le prince Henri d’Orléans, fils du duc de Chartres, qui, faisant en ce moment un grand voyage d’exploration, s’est présenté aux mines célèbres de Lau rium, avec le désir de les visiter. Il faut remarquer que le jeune prince était accompagné d’un officier du roi de Grèce ; cette a circonstance atténuante » n’a pas empêché M. de Montholon de frap per d’une révocation M. Mandet, qui au rait dû sans doute refuser l’entrée des mines dont il est directeur, à la fois au prince français et à l’officier du roi des Hellènes. Il ne faut pas oublier, en outre, que la princesse Waldemar est belle-sœur du roi Grèce. Le Matin assure que si le ministre des affaires étrangères avait été consulté, l’incident n’aurait pas eu de suites. Nous voulons bien le croire, mais nous inclinons à penser que s’il y a eu excès de zèle de )a part de M. de Montholon, c’est plutôt par un avancement que par une disgrâce qu’il saura ce que le gouvernement en aura pensé. Nos hommes d’Etat trouvent, sans doute, que nous avons trop d’amis parmi les gouvernements européens. Décidément, les Espagnols sont partis trop tôt à la conquête du Maroc. Non seu lement leurs préparatifs ont provoqué l’at tention de la France et de l’Angleterre, mais encore ont motivé les susceptibilités de l’Italie, devenue très chatouilleuse sous le rapport d’un agrandissement de ses co riverains delà Méditerranée, depuis qu’elle fait partie de la triple alliance. C’est pour quoi, en prévision des observations par ties de Londres, de Vienne et de Rome, le cabinet Sagasta a donné l’ordre de sus pendre tout mouvement militaire, jusqu’à ce que l’issue de la maladie du sultan fût connue. Il convient, en outre, d'ajouter nue la protection des Européens n’est pas étrangère à cette résolution....

À propos

Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.

 
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