Extrait du journal
CORRESPONDANCE PARTICULIERE Du Journal ds Saint-Quentin Paris, 8 décembre. Rien, rien, rien, tel est, pour rappeler une boutade parlementaire qui date de quelques trente ans, le mot de la situation. On tourne en effet toujours dans le même cercle. Tous les journaux de Paris vous racontent les dé marches qui ont eu lieu avant-hier soir et hier matin. Vous vous rappelez qu’hier, je termi nais ma lettre en vous disant : Le cabinet démis sionnaire reste aux affaires. A l'heure où je vous l’écrivais, cela était sûr ; quelques heures plus tard, c’était encore probable; ce matin, tout est à refaire. M. Léon Say, à la Chambre des députés ; M. Decazes, au Sénat, ont bien, il est vrai, obtenu hier des majorités en leur faveur. Celle de M. Say était d’autant plus significative, qu’au moment du vote, M. de Marcère parcourait les bancs du centre gauche en prévenant ses amis qu’au fond, c’était sur le maintien du cabinet qu’ils allaient voter. Mais, après le vote, on s’est bien aperçu qu’après tout il aurait suffi de l’abstention des Droites et du Sénat pour mettre le cabinet en minorité, et que, dès lors, celui-ci n’aurait pas dans la Chambre un point d’appui suffisant. Cette considération a fait aussi écarter l’expé dient proposé par quelques amis du ministère, qui voulaient l’interpeller sur la politique géné rale et lui fournir une occasion de développer un programme sur lequel se seraient comptés amis et adversaires. Mais, a-t-on répondu, ou bien le programme appuiera trop vers la droite et le centre gauche ne l’appuiera pas ou il sera un programme de gauche que l’extrême gauche repoussera et contre lequel voteront les conser vateurs. Dans les deux cas, le résultat sera le môme ; le cabinet en minorité. En même temps, on apprenait que les bureaux des gauches se prononçaient absolument contre le maintien du cabinet. Ces considérations l’emportèrent et ce matin, M. Dufaure faisait connaître au président de la République que ses collègues et lui maintenaient leur démission. Le maréchal de Mac Mahon a alors fait de nouveau appeler M. Duclerc et la prié de se charger de la formation du cabinet. M. Duclerc s’est montré fort effrayé de la mission qu’on voulait lui confierai a prié le Maréchal d’insister de nouveau auprès du cabinet démissionnaire et a promis d’agir de son côté auprès de ses amis de la gauche pour les amener à des sentiments plus conciliants. A l’heure où je vous écris, les bureaux des gauches sont réunis et viennent de nommer des délégués chargés de s’entendre avec MM. de Mar cère et Waddington pour voir s’il y a moyen d’arriver enfin à un accord. Si on y réussit, le cabinet démissionnaire reviendra décidément aux affaires. Si on échoue, la démission sera dé finitive.... jusqu’à demain matin. Voulez-vous quelques fausser nouvelles ?Je n’ai que l’embarras du choix....
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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