Extrait du journal

La fameuse maxime, le Roi rtgnc et ne gouverne pas , inventée par M. Tliiers comme une machine de guerre contre la royauté , a été, depuis l’odieux attentat de Fontainebleau , l’objet d’une vive polémique entre les principaux organes de la presse pari sienne , notamment entre le Constitutionnel et le Journal des Dé bats. Jamais ce pauvre Constitutionnel n’avait été si complètement battu, n’avait essuyé de défaite plus humiliante. Voici un extrait des derniers articles du Journal des Débats qui achève la déroute de l'organe de M. Thiers : « Lutin la lettre de la charte dit bien que la personne do Roi est inviolable et sacrée, et son esprit , vous l’avouerez, est assu rément de mettre le Roi au-dessus des attaques de la tribune et de la presse. Cependant, parce qu'il vous a plu d’ériger en maxime d’etat que le Roi ne doit pas gouverner , et d’établir en fait que le Roi a un gouvernement personnel, vous vous croyez dégagés des obligations que la Charte vous impose envers la royauté ! Qui dit que la Charte est violée indirectement ? Mais c'est vous, vous Op position , vous trop intéressés a faire croire que la vénalité , la corruption, la servilité de vos adversaires sont les seuls obstacles qui vous empêchent de dominer tout. Encore meurtris de vos échecs , vous vous en vengez sur la constitution même. Cent fois battus par le minisiere et par la majorité , vous avez pris un sin gulier parti : vous niez le ministère et la majorité. Le ministère n'est qu’une illusion; il n’existe pas. M. Guizot fait semblant de discuter, il ne discute pas. La majorité n’est également qu’une ap parence ; elle vote, mais elle n’a pas d’opinion ! Vous nous de mandez si noos croyons impossible qu’one constitution , sans être violée matériellnment, le soit dans son esprit. Non, sans doute, cela n'est pas impossible. La notre le serait le jour où un ministère factieux , abusant d’une majorité surprise , prétendrait écarter le Roi du gouvernement, et, sur les trois pouvoirs établis par la Charte , essaierait d'en annuler on, le pouvoir royal ! Il n’est pas impossible qu’une charte soit faussée dans son esprit ; mais ce qui arrivera toujours, c’est qu’une opposition réduite au désespoir et forcée de convenir que la constitution n’est pas matériellement violée, se rejettera sur les violations indirectes pour se donner à elle-m ême le droit de violation directe ! Nous voudrions bien qu a son tour le Constitutionnel nous fournit un moyen humain d’empêcher le Roi d’avoir une opinion sur la politique et sur le gouvernement. Un pays ne peut pas tou jours être assez heureux pour tomber juste sur un roi imbécile ou sur un roi en démence comme Georges III. Ce sont là de ces coups de fortune sur lesquels on ne peut pas compter. Des rois faibles sont moins rares. Qu'avons-nous fait, imprudens! En excluant les femmes de la succession a la couronne et même de la régence, nous avons diminué nos chances de bonheur en ce genre ! Et M. I hiers qui a soutenu la régence masculine , quelle étourderie ! Il est vrai qu’a cette époque M. Thiers ne paraissait pas avoir une si grande préférence pour les princes faibles ; il faisait au con traire très-fortement ressortir l’avantage de trouver dans le chef du gouvernement une volonté d'homme, une volonté ferme. Tout est changé, soit ! Les princes, sans volonté et sans opinion , les princes incapables sont les meilleurs. Un fou même, un insensé, un interdit vaut mieux sur le trône qu’un roi sage. Et nous qui pensions qu’il fallait élever les princes avec plus de soin encore que les autres hommes ! Evidemment nous nous trompions. Pour les...