Extrait du journal
RAPPORT DE LA COMMISSION D'ENttUÊTE SUR L’ATTENTAT DU 15 MAI ET SUR L'INSURRECTION" I)L 25 JUIN. Mr. Bauchart, Rapporteur. (Suite et fin). Le lt mai. une réunion de 15 à 20 personnes, qui dura plusieurs heures, avait été remarquée dans sa demeure. Cette réunion avait été convoquée par Barbes . qui en fil partie. M. Louis Blanc prétend qu’il n’y a pas élé question de la manifestation du lendemain ; des témoins, entendus dans l'instruction judiciaire, affirment le contraire. Dans la matinée du 15. plus de soixante personnes entrent chez lui. Quand il sort. on le voit se diriger du côté de la Bastille, sans qu’on paisse dire toutefois jusqu'où il est allé. M. Louis Blanc explique qu’il ne s'agissait que d’un déjeuner d'amis à l'occasion de la nomination d’uu de ses parens à des fonctions publiques en Corse. Mais un peu de temps après son départ. une colonne de deux à trois cents ouvriers débouche sur le boulevarl Taitbout. où se trouve son appartement, aux cris de vire Louis Blanc ! Cette colonne allait se mêler au mouvement qui se préparait. Un té moin a déposé que . assistant à la séance du 15 mai, et se trouvant dans les tribunes au moment où elles furent envahies . Il vit distinctement MM. Louis Blanc, Barbés et Albert se lever et applaudir les factieux du geste, de la tête et du sourire. Plus tard, lorsque Raspail. montant à la tribune, veut lire la pétition en laveur de la Pologne. M. Louis Blanc demande le silence afin que le droit de pétition soit consacré et que la pétition soit lue. Le témoin ici est le Moniteur. Dans la foule, aux cris de Vive la Pologne ! se joint cet autre cri signifi catif: Il nous faut un ministère du travail! M. Louis Blanc se mêle à d’autres scènes, il faut laisser aux témoins le soin de les reproduire eux-mêmes. Ln témoin : « Le 15 mai, je venais parler à un représentant, je vis la foule qui envahissait l’Assemblée nationale; im homme grand et chauve, qu’on m’a dit être Barbes , approcher d’une croisée et l’enjamba. » J’aperçus peu après M. Louis Blanc. Il se fit un grand tumulte ; Al bert arriva; lotis trots enveloppés dans un drapeau se donnèrent la main. L’exaltation fut extrême, et la foule se rua dans l'Assemblée. Je ne connais sais que Louis Blanc, on me dit que les deux autres étaient Barbéset Albert. » Un autre témoin : « J’entendis et j’ai retenu ces paroles prononcées par Louis Blanc: a Ouvriers, mes amis, je dis mes amis, car entre vous et moi c’est à la vie, à la mort. vous avez exercé un droit imprescriptible , celui d’exprimer votre volonté à la lace du ciel. Ce droit, maintenant personne n’oserait vous le contester. A ce droit, que vous avez conquis par votre cou rage , il enfant ajouter d’autres qui sont également incontestables. Il ne s’a git plus pour vous du droit de vivre, il est commun ù tous les hommes ; mais vous avez le droit de jouir de tous les bienfaits de la Société et de vous élever au premier rang, car assez longtemps on vous a tenus au dernier.» » Je voulus élever la voix et interpeller Louis Blanc . mais il me fut Im possible de me faire entendre au milieu du tumulte. Ce fut alors que Louis Blanc, Albert et Barbes se] poseront dramatiquement, entrelaçant leurs bras. » Les portes s’ouvrirent aussitôt, et le peuple se précipita dans le palais de f Assemblée. » D’autres témoins déposent que dans un nouveau discours prononcé par Louis Blanc, monté sur une chaise dans la salle des Pas-Perdus, il lui ont entendu dire : « Qu il engageait le peuple à continuer son œuvre , que cette fois il ne serait pas trahi, et que la démonstration de ce jour n’était pas de celles qui ébranlent, mais de celles qui renversent. » C'est alors que M. Louis Blanc fut porté en triomphe dans la salle des séances, et peu d’instans après, lluber eut l’incroyable audace de vociférer Ja dissolution de l’Assemblée. Dans la salle des Conférences. M. Louis Blanc assiste à la confection des listes d’un gouvernement provisoire: les noms sont proclamés à haute voix ; le sien est inscrit le premier. Les listes circulent dans les groupes dont il fait partie; il ne proteste pas. Lorsque les factieux firent entendre le cri: A V Hôtel-de-Ville! M. J-ouis blanc se porte avec eux vers la grille du péristyle, mais le passage est déjà occupé par la garde nationale, qui cernait le palais de l’Assemblée ; Il se jette avec tous ceux qui l’accompagnent dans les jardins de la prési dence, et se porte jusque sur l’esplanade des Invalides. Là il parait hésiter. Un témoin entendu par nous , et qui ne l’avait point été dans l instruction judiciaire. l’aperçoit en ce moment: « J’étais entré en ce moment chez un marchand de vin au bout de la rue de l’Université; je vis arriver un groupe de soixante ou quatre-vingts personnes, au milieu duquel se trouvait un petit homme que l’un me dit être Louis Blanc; on forma un cercle autour de lui. Je m avançai pour le voir, et m’en trouvai tres-...
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Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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