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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 13 août 1892

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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement
13 août 1892


Extrait du journal

UNE OPINION Saint-Quentin, le 12 août 1892. Un de mes amis m’envoie de Bel gique une charge à fond de train pa rue dans le Bien public de Gand, sur les journaux français. C est un peu, comment dirais-je4... un peu belge comme rédaction. Notez que j’aime beaucoup la Bel gique, ayant séjourné longtemps dans cet heureux pays — y ayant conservé des relations charmantes, mais aucun Belge ne m’en voudra de dire qu’on y uge avec un parti-pris peu dissimulé es choses de France. Et puis, le ton du journalisme y est peu aimable, c’est d’un dogmatisme étroit et d’une tournure ennuyeuse. Les Bèlges nous accusent de légèreté et Dieu sait tout ce qu’ils mettent dans ce mot ! Nous pourrions leur répondre qu’ils sont un peu pesants, ce qui n’est pas toujours une façon d’ètre;pensants, mais ce serait discourtois, surtout comme préface à ce que vous allez lire : Donc, nous dit le journaliste belge, la France est une belle nation, mais elle a le malheur d'être peu représentée dans ses assemblées, et d'ôtre trahie par son grand Paris, qui exerce sur la province une influence désastreuse. Il y a à Paris quelques journaux très-sérieux et d’excellentes revues d’art et de sciences mais l'opinion publique y est dirigée par les gazettes les moins recommandables | Le boulevard est blase, et il faut l’exciter à tout prix. De là des articles sensationnels à propos de tout et de rien, des accès de chauvinisme répétés, et des philippiques injustifiables à l'adresse des pays ou des chefs d'Etat qui n'ont pas l’hyjr de plaire aux Parisiens. A lire ces articles, on croirait souvent que le peuple le plus spirituel de la terre est le plus sot et le plus grossier. On ne saura jamais ce que la presse parisienne a soulevé de haines en Italie par l’arrogance avec laquelle elle rappelle à cette nation les services que lui a rendue la France, les reproches d’ingratitude Îu’elie lui lance à la tête, et, en général, la dçon méprisante dont elle la traite, triomhant de ses embarras financiers, raillant ses ommes d’Etat et lui souhaitant, avec ironie, tout le mal possible. L’incident qui a surgi au Congo sert égale ment de prétexte à cette presse pour insulter le roi des Belges. La République française en est réduite à invoquer, dans ses polémiques internationales, les services rendus par l’Em pire, alors que, s’il faut la croire, l’Empire n’a jamais eu que desseins criminels, et qu’elle l’a couvert de boue. Mais quels sont les services qu’elle rend,elle, aux petits peuples ? Non seulement elle frappe leur commerce, avec son égoïsme féroce,mais, û la moindre occasion, elle les traite avec une hauteur et une dureté toutes jacobines. Cette presse insolente, qui ne vise qu’à des succès de boulevard, qui croit être crâne en traitant de flibustier un souverain généreux et sage, ces journaux dont les rédacteurs écrivent leurs articles entre deux bocks, cherchant le mot qui doit épâter la galerie, font, nous le ré pétons, un mal énorme â la France. Il est im possible d’avoir moins d’espritpoii tique et plus de suffisance, et si ces publicistes allaient â l’étranger, s’ils savaient ce qui s’y passe, au lieu de se cantonner dans le quartier de l’O péra qu’ils prennent naïvement pour l’Univers, ils seraient probablement effrayés de leur œu vre. Suivent, comme compensation,quel ques compliments à l’adresse de la bourgeoisie française « peut-être la première de l'Europe par son esprit de prévoyance, la modération de ses idées et sa capacité de travail. » Mais le publiciste belge se reprend aussitôt et il ajoute en terminant : La masse de la nation est certainement in telligente, laborieuse et pacifique, mois, à l’ex ception de quelques grands journaux, juste ment honorés, ses sentiments sont faussés...

À propos

Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.

 
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