Extrait du journal
Messieurs et chers concitoyens, Pendant les quelques semaines que je viens de passer au milieu de vous, j’ai pu me rendre compte de la perturbations profonde qu’ont jetée dans les rangs du parti conservateur les instructions venues de Rome. Ce résultat ne m’a pas surpris,car chez vous les convictions religieuses ont toujours primé les préférences politiques. L'expérience des quinze dernières années vous avait convaincus que la forme républi caine était synonyme de persécution et de des truction de votre loi, et si, malgré la pression gouvernementale dont vous garderez long temps le souvenir, vous m’avez depuis cette époque trois fois confié l’honneur de vous rerésenter à la Chambre, c’est parce que je com altais de toutes mes forces les hommes char gés d’appliquer la politique républicaine, c’est parce que je vous affirmais qne, sous un autre régime, vous verriez votrejculte et vos croyances respectés ; mais vous tolériez plutôt que vous n’approuviez mes convictions et mon dévoue ment monarchique. Aujourd’hui, le chef suprême de l’Eglise, pour éviter sans doute des maux plus redoutables, estime que le devoir des catholiques est d’ou blier les injures passées et d’accepter loyale ment la forme républicaine. Il retire publique ment sa confiance aux royalistes qui n’ont pas su vaincre et les adjure de renoncer, pour le bien de la France, à leurs opinions politiques. La parole de Léon XIII s’est fait entendre dans un moment de calme relatif, et vous y avez vu comme une promesse de pacification après ces longues années de luttes où vous avez connu toutes les rancunes et toutes les tracasseries d’une administration mesquine. Avec vous, mes chers amis, je m’incline res pectueusement devant les conseils du souverain pontife, et je veux espérer qu’ils seront enten dus de ceux qui dirigent la politique républi caine. Mais j’estime qu’à cette situation nouvelle il faut des hommes nouveaux. Je demeure, pour mu part, convaincu que la monarchie seule, une monarchie libérale et soucieuse des besoins de la démocratie, pour rait résoudre les questions sociales, conjurer les dangers extérieurs toujours menaçants, administrer sagement la fortune publique, sau vegarder les intérêts religieux, et rendre à la France son éclat séculaire. Et mon respectueux dévouement au prince que la République a proscrit n’a jamais ôté plus ferme ni plus inébranlable. Ces sentiments et ces réflexions ont dicté ma résolution de quitter la Chambre des dé putés, où je ne crois plus, en toute conscience, représenter vos véritables opinions, et je viens d’envoyer ma démission au président de cette assemblée. Qu’il me soit permis, en vous quittant, d’a dresser un dernier remerciement à tous ceux qui m'ont aidé et suivi dans la longue lutte que nous avons engagée ensemble, aux amis qui ont combattu a mes côtés, comme à tous les inconnus dont les suffrages m’ont été fidèles. Vous me trouverez, dans ma retraite, comme au temps où j’avais l’honneur de vous repré senter, toujours prêt à vous obliger et à vous aider, si l’occasion s’en offre, et je vous garde mon plus reconnaissant souvenir. Breteuil. Tarbes, 11 août, 1892....
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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