Extrait du journal

VI La première parole adressée par |M. Le Tailleur père à son tils, à son retour à Pa ris, fut une sorte d’interrogatoire, Le ton était gouailleur et la mine mécon tente. — Qu’est-ce donc que celte histoire, Maxime?... Depuis quand le fais-tu le cava lier servant des veuves éplorées, au point de ne pas te contenter de naviguer avec l’une d’elles, mais encore de la rejoindre à l’ex trémité de la France ? — Ah l dit Maxime, vous tombez mal, mon père, à rallier un épisode douloureux de mon voyage. La « veuve éplorée » à la quelle vous semblez faire allusion, je ne sais comment, car je ne crois pas vous en avoir jamais parlé, est une personne de haut mé rite, dont j’aurais ambitionné l’alliance, si sa grande sagesse ne lui avait montré l’é cueil... que je ne voyais pas. — Cet écueil ? -» Une différence d’âge trop accentuée pour passer outre. —- Je lui sais gré de celte prudence. Mais me diras-tu pourquoi ta ferveur pour les veuves se double de dévouement pour les orphelins ? — Les orphelins ? . — Oh ! quand je dis orphelins 1... Enfin, qu’est-ce que ce bébé, au moins compro mettant, que cette dame,.., ou toi..., ou tous deux, vous avez ramené d’Afrique ? Maxime, stupéfait, regarda son père avec un tel étonnement, que celui-ci crut devoir lui expliquer en quelques mots qu un em ployé de son ministère avait, sans se douter de leurs liens de famille, fait la traversée d’Alger à Marseille avec Aline, le lieutenant et madame de Falloy, et que, peu de jours avant, dans son bureau môme, le hasard d’une photographie échappée du portefeuille paternel avait amené une exclamation, puis uu récit de l’employé peu discret. Pendant que M. Le Tailleur père racon tait brièvement ces détails, madame Le Tail leur fit son entrée....