Extrait du journal

On sait que le gouvernement italien a re fusé de figurer officiellement à l’Exposition de 1889, et qu’alors il s’est formé un comité privé pour représenter les commerçants et industriels de l’Italie qui voudront exposer leurs produits. Or, un reporter du Matin nous apprend qu’il a longuement entretenu les membres de ce comité en ce moment à Paris ; que ceux-ci se sont déclarés enchan tés du ministre du commerce et de l’indus trie, enchantés de la place faite, dans l’ex position, aux exposants italiens, enchantés, par-dessus tout, de la tour Eiffel. Nous n’avons ni à mettre en doute les sen timents de ces délégués ni à rechercher s’ils reposent sur une base aussi solide que la tour, objet de leur admiration. Mais, ils ont fait une autre déclaration encore, au cours de leur entretien avec le reporter ; ils ont tenu à affirmer que M. Crispi portait un vif intérêt à leur œuvre, et que l’exposition des Italiens serait un grand témoignage des sen timents sympathiques de l’Italie pour la France. Ce langage, rapproché du refus du gouvernement italien que nous avons rap pelé, rapproché aussi de l’entrevue de M. Crispi avec le prince do Bismark, fait dou ter que les Italiens qui ont vu le reporter du Matin soient de véritables Italiens ; à moins qu’ils n’aient éprouvé un malin plaisir de faire prendre à leur interlocuteur des vessies pour des lanternes, et des Italiens pour.... des amis de la France....