Extrait du journal
UNE FIN DE NON RECEVOIR. M. Léon Faucher, le lendemain d'un vote qui mettait à néant la conspiration des anarchistes, a, par dépêche télégraphique, annoncé aux départemens que l’ordre régnait à Paris, et que le signal attendu par la guerre civile n’avait pas été donné par rassemblée nationale. Paris était calme, disait le ministre de l’intérieur, et les complots des éternels ennemis de la société ont été déjoués une fois de plus. M. Léon Faucher n’a dit que la plus scrupuleuse vérité ; mais son langage pouvait-il plaire à tous ces hommes qui, les uns pour une place , les autres pour de désastreuses théories, se sont ligués contre le pouvoir de l’élu du 10 décembre? En temps ordinaire, la dépêche de 31. Léon Faucher arrivant à l’époque des élections, eût été repréheusible; à un moment de révolu tion , alors que l’ordre social tout entier est mis en question, alors que les anarchistes n’attendent qu’un moment, qu’un pré texte pour descendre dans la rue, qui oserait faire un reproche à un ministre de l’intérieur de chercher à rassurer les popula tions déjà profondément émues par de sourdes rumeurs ? Qui oserait rechercher une pensée de corruption électorale dans une dépêche télégraphique annonçant que Louis-Napoléon Bonaparte n’avait pas été conduit à Vincennespar les séides de Marrastet de la Montagne. Nous avons honte de le dire, il ne s’est trouvé que cinq membres de l’assemblée nationale assez courageux pour défen dre M. Léon Faucher. Le parti modéré, par une tactique qu’il a cru être adroite et profonde, mais qui n’a été que peureuse, a abandonné le ministre et l’a livré sans défense au blâme dé loyal de la Montagne. Nous reconnaissons bien là les modérés de tous les régimes. Eu 93, ils ont, par lâcheté, laissé assassi ner Louis XVI ; ils ont plus tard abandonné les malheureux Gi rondins aux vengeances des Montagnards ; pour se sauver euxmêmes , ils ont fait constamment cause commune avec la vio lence et la guillotine ; admettons que M. Léon Faucher ait com mis une faute. Le parti tout entier n’en était-il pas moins soli daire ? Et l’énergie de ce ministre qui seul, oui, seul, avait maintenu l’ordre depuis le 10 décembre au milieu de ces haines vivaces excitées par de basses ambitions, de criminelles théo ries, ne méritait-elle pas un ordre du jour moins hostile, une défense plus courageuse ? En blâmant un acte qui prête à la critique, on s’imagine faire preuve d’indépendance de caractère ; on se pose en politique vertueux, mais le pays qui juge en der nier ressort, absout le ministre qui peut-être a manqué d’habi leté en disant la vérité, et condamne les ambitions qui se ré servent, les lâchetés qui se drapent en courage civique. Quoi qu’il en soit du blâme prononcé par l’assemblée contre M. Léon Faucher, qui n’a assumé tant de haines que parce qu’il a fait courageusement son devoir de ministre, les Monta gnards soulèvent contre ies élections du 13 mai une impudente lin de non recevoir qui ne serait pas croyable, si on ne la lisait dans leurs journaux. La dépêche télégraphique de M. Léon Faucher a infirmé la validité des élections du 13 mai. Voilà la thèse soutenue par les anarchistes que condamne de tous côtés le suffrage universel. Ils n’acceptent pas leur défaite, et, dans le besoin qu’ils ont de relever les barricades de juin, ils s'inscrivent en faux contre le vote librement émis par la majorité des Français. Ce sont eux qui ont l’impudence de parler d’élections adultères ! Ce sera M. Ledru-Rollin qui viendra a la tribune déclarer que la France n’a pas été libre d'exprimer son opinion, lui qui n’a pu rendre un compte régulier de 113,000 francs gaspillés en avril 1848 pour...
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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