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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 23 avril 1871

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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement
23 avril 1871


Extrait du journal

Journée du 19. Récit de la Patrie : Deux heures à la porte Maillot. A six heures du matin, nous traversions le pont de bateaux, nous dirigeant sur la route de Versailles, qui devait nous con duirc aux fortifications. Nous voulons en trer de bonne heure dans Paris. La route que nous parcourons est magnifique et bordée de maisons. Mais, celles-ci sont dé séries ; nous ne rencontrons sur notre pas sage qu’un cantonnier assis, désœuvré, quoique la pioche à la main, auquel nous demandons quelle est la porte de l’enceinte la plus rapprochée pour entrer dans Paris Il nous indique celle d’Auteuil, mais elle est fermée. Nous suivons le chemin extérieur, allant frapper à toutes les portes de l’enceinte, qui étaient hermétiquement fermées, sans trouver un seul factionnaire, sauf à la porte de Passy, où une sentinelle nous indique, pour passer, celle des Ternes ou bien celle de Clicliy. — Mais faites bien attention, citoyen, ajoute-t-il, que les boulets, les bombes et les obus pleuvent sur votre chemin ! En effet, en face de nous, à un kilomètre de distance, nous entendons le bruit de la fusillade et le crépitement des mitrailleu ses dans l’intérieur de Neuilly, et nous voyons les obus tomber et éclater sur notre route. Tout est désert autour de nous. Un obus, lancé du Mont-Valérien, vient tom ber sur un chêne centenaire et le briser comme une paille. Nous étions peu éloignés de la porte Maillot, qui, en ce moment, envoyait et recevait des obus à profusion. Or, pour rentrer à Paris, il nous fallait déliasser cette porte. Un instant, le Mont-Valérien garde le silence, profitant de ce calme, nous descendonsdans le fossé des fortifications pour nous abriter et marcher en avant. Cette partie des remparts est précisé ment un nid à obus. Nous nous hâtons de sortir de cet endroit dangereux pour nous rapprocher de la porte Maillot. Arrivé cet endroit, trois obus du Mont-Valérien, répondant aux feux d’une batterie placée sur le rempart, au-dessus de notre tête, viennent éclater, l’un dans le fossé, à vingtcinq pas derrière nous, et les deux autres sur la porte Maillot. Nous gravissons précipitamment le talus et nous nous trouvons à côté de l’avenue de Courbevoie, sillonnée par les boulets que sa redoute lance sur la porte Maillot, et par les obus que la batterie installée sur les remparts lui envoie, en ripostant. Nous saisissons le moment où ces deux batteries viennent de projeter leurs feux croisés, pour traverser au galop la fatale avenue, et nous allons nous réfugier dans une petite maison basse ouverte sur le rond-point, transformée en un débit de liqueurs. Nous restons là pendant deux heures, et voici le spectacle auquel nous avons as sisté. En face de nous, à vingt pas, est la porte Maillot, qui n’existe que de nom. La porte et les remparts sur lesquels elle s’appuyait ne sont plus que des ruines. L’entrée de...

À propos

Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.

 
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