Extrait du journal

Journée du 22. Voici, dit le Siècle, le récit des événe ments de la journée, que, suivant notre habitude, nous publions sous toutes ré serves : Par suite d'un grand mouvement de troupes de Versailles sur Paris, la déléga tion militaire de la commune avait pris des dispositions en prévision d’une attaque générale pendant la nuit. A l'intérieur, on avait doublé les postes : Quelques points stratégiques avaient été réoccupes, tels que la Bourse, aux issues de laquelle on avait placé des factionnaires. Outre ces mesures éventuelles, des patrouilles ont circulé toute la nuit dans les quartiers du centre. Vers neuf heures, on a aperçu au-dessus des maisons et dans la direction de la place Vendôme une vive lumière, que des groupes nombreux, stationnant dans les rues et sur les boulevards, prenaient pour une étoile; mais, quand on a vu cette lumière incliner du nord à l’est, on a re connu que c’était un signal. La nuit a été relativement calme. Maintenant que la ligne d’investissement s’étend sur la rive gauche jusqu’à Choisyle-Roi, tous les forts du sud prennent une part active dans l’action. Bicêtre, Mont rouge, Vanves, Issy, les Hautes-Bruyères et le Moulin-Saquet ont tonné toute la journée sur les positions versaillaises, qui n’ont pas répondu. Ce silence s’explique par les travaux qu'exécute l’armée régu lière, ainsi qu’il est facile du reste de s’en assurer avec une longue-vue. L’action générale, selon les probabilités, n’aura lieu que lorsque toutes les batteries seront armées. La redoute du fort d’Issy et le bastion de Grenelle n’ont pas discontinué de tirer sur les travailleurs eu train de construire une batterie à droite et au-dessous du château de Meudon. Nous avons vu également éclater des projectiles sur le versant de Bellevue, où travaillent! des terrassiers. La batterie flottante, embossée en aval du viaduc du Point-du-Jour, lançait des obus sur Clamart, dans la direction du Val-Fleury. Trois canonnières sont placées en observation en amont du pont, prêtes à ouvrir le feu....