Extrait du journal

Réformateurs attardés, vous vous traînez dans les vieilleries du passé. A chaque révolution < les nouveaux-venus ont tenté de s’emparer du pouvoir judiciaire dans l’intérêt d’un parti. Il s’est trouvé , dans les temps, des hommes lâches pour accom plir le mal ; mais ils ont rencontré de nobles résistances que protégeait, qu’encourageait le principe de l’inamovibilité. Est-ce dans l’intérêt de la justice qu’a été rendu le décret que nous attaquons ? Les faits sont là pour répondre : qu’importent à M. Crémieux sa probité, ses services, une longue expérience des affaires, une vie privée irréprochable, des mœurs dignes de la sévérité de nos vieux magistrats ? Il a voulu atteindre des souvenirs qui le blessent, frapper des noms qui lui déplaisent. Le ministre de la justice n’est plus qu’un homme de parti, ses actes seront flétris un jour du stigmate infligé aux iniquités politiques. Il est de la fatalité de certains pouvoirs d’obéir à toutes les imputations, de subir toutes les influences, comme il est dans la destinée de certains hommes de s’agiter bruyamment dans la sphère étroite qui leur est propre. Les grandes choses n’appar tiennent qu’à des époques, qu’à des hommes marqués du doigt de Dieu... Attendons. — Un jour viendra où l’on se rappellera avec reconnaissance , avec orgueil, qu’en France les parlemens ont enseigné au peuple la résistance contre l’injustice ; qu’en Angleterre, les tribunaux ont refusé les taxes arbitraires à Cromwel comme à Charles II. (IJ Assemblée Nationale. )...