Extrait du journal

C’était aox temps de nos brillans bals de cour, dont Mme la du chesse de Berry faisait les honneurs avec sa grâce ravissante. Invitée par cette princesse à toutes les fêtes données au pavillon de Flore, pendant le carnaval de l année 18... je fus honorée d'un billet signé de aa royale main pour un bal travesti , qui devait, disait-on, surpasser en richesse et en magnificence tous ceux donnés jusqu'alors. Le hasard voulut que je me trouvasse seule à Paris dans ce moment ; ma famille voyageait, et la femme avec laquelle j’allais habituellement dans le monde étant malade, il me fallut avoir recours pour m'accompagner à un vieil ami de ma mère, nommé le marquia de T..,, que son âge rendait très-propre au rôle de Sigisbé. M. de 1... était attaché à la maison du roi ; il avait un fil* unique, charmant jeune homme de vingt ans, dont j'étais l’aîoée de quelques années, et je me trouvai enchantée d’arriver chez madame ainsi escortée et sûre d’on danseur aussi élégant que le beau Léonce de T..,. Le marquis ayant accepté de grand cœur ma proposition, Léonce et moi nous discutâmes avec une joie d enfant le choix de nos travestissrmens, et après avoir, comme le sénat romain, mis aux voix cette af faire importante, il fut décidé que nous emprunterions nos costumes, moi, à la séduisante Diane de Poitiers, Léonce, au galant roi Henri IL Je laisse à juger avec quelle impatience nous attendîmes l’époque fixée pour cette fête! Ce jour arriva enfin! A dix heures du soir, la voiture du marquis s’arrêtait à ma porte, et cinq minutes après il était dans mon appartement, me complimentant sur le bon goût de ma toilette, et m’offrant la main avec toute la bonne grâce d’un chevalier du moyen-âge. — Pourquoi n’avoir pas fait monter Léonce, dis-je à M. de T..,, en le voyant un peu essoufflé de mes deux étages ; la duchesse de Valentinois attendait pins de courtoisie de la part du roi Henri ! Le marquis se mit à sourire d’un air assez triste. — Hélas, ma belle duchesse, dit-il, il faudra pour ce soir vous con tenter de votre serviteur François I«„. Mon royal fils Henri......